Il y a deux ans, un jeune homme de 18 ans, petit-fils d’une figure politique locale, fait tomber deux policiers le soir d’Halloween. Il est arrêté par leurs collègues et en ressort avec le nez cassé. Condamné pour violence sur fonctionnaires de police, il a fait appel.
Ses deux avocats le décrivent comme un jeune étudiant bien sous tous rapports. Mathieu*, 20 ans, étudie en Belgique pour devenir infirmier en service psychiatrique. C’est le petit-fils d’un ancien homme politique réunionnais de premier plan. Mais il a été condamné, en première instance à 12 mois de prison, dont 6 avec sursis. Il a fait appel de cette décision et a été jugé à nouveau ce jeudi 28 novembre 2024.
Que s’est-il passé cette nuit d’Halloween 2022 ? Deux versions existent : celle des policiers et celle de Mathieu. Vers 23h, les fonctionnaires de la BAC interviennent pour de la “sécurisation urbaine” dans le quartier du Chaudron. Ils sont équipés de boucliers et reçoivent des galets de la part de jeunes.
Dans leur rapport, les fonctionnaires de police écrivent que Mathieu, vêtu d’un sweat rouge, lance “copieusement des pierres” puis s’enfuit. Le jeune homme, décrit comme “grand et costaud”, percute deux policiers au passage. “Il m’a donné un coup d’épaule et repoussé violemment”, affirme le chef d’unité à la barre. Celui-ci est blessé à la jambe et doit subir deux opérations des ligaments croisés. Il s’est vu prescrire 120 jours d’ITT et n’a pu recommencer à travailler que récemment.
Les policiers l’accusent d’avoir jeté des galets
“Les seuls qui disent qu’il a jeté des galets, ce sont les subordonnés [du policier]”, remarque Me Jean-Jacques Morel, avocat de la défense, “on sait comment marche la police, je les vois mal dire “non mon chef a menti””. Mathieu nie avoir jeté des projectiles. Il affirme même avoir retiré un galet des mains de l’un de ses amis pour l’empêcher de le lancer.
“Notre client n’a poussé personne, il a voulu s’échapper et a fait tomber les policiers au passage. Ce n’était pas des violences volontaires”, interprète Me Georges-André Hoarau, le deuxième conseil de Mathieu. “On a forcé les traits pour justifier les coups portés à ce jeune primodélinquant.” L’étudiant est ressorti de sa garde à vue avec des ecchymoses au visage et le nez cassé. Il accuse les forces de l’ordre de violences policières et a porté plainte de son côté.
Dans une lettre, il confie “lors de cette soirée, pour la première fois de ma vie, j’ai commis une faute. C’est la dernière fois que je me rendrais dans un endroit de ce type pour découvrir une ambiance différente de mon quotidien”.
La décision est mise en délibéré et sera rendue le 27 février.
* Prénom modifié
P. K.