Vendredi dernier, à Saint-Benoît, un piéton assène un coup de tête et un coup de poing à un gendarme lui demandant de porter un masque. L’agresseur présumé a été condamné, ce lundi, à 8 mois de prison ferme.
À la barre du tribunal correctionnel, ce lundi 27 septembre, le prévenu excède les magistrats, leur coupant la parole, mais surtout en minimisant ses coups et n’avançant pas le moindre mot de regret ou d’excuse. "Ce Monsieur a voulu me retenir. Je me suis senti agressé et les choses ont dégénéré. De plus, il ne portait pas de brassard. Je n’ai pas de télévision ni de radio, je ne suis pas au courant des opérations militaires", précise l’homme âgé de 45 ans.
La présidente commence l’audience en résumant les faits reprochés au prévenu. Il se dédouane, avant la fin de son exposé, en précisant avoir donné de l’eau à la victime. De plus, il n’aurait pas vu la carte ni le brassard du militaire.
Ce vendredi, à Saint-Benoît, un gendarme en civil dans le cadre d’un contrôle lui demande de mettre un masque. Visiblement, la remarque est excessive pour le prévenu. "Mon client l’a alerté dans un but de prévention. Il n’avait aucune intention de le verbaliser, avance l’avocate de la partie civile Me Sarah Daverio. La mission a été réalisée dans les règles de l’art et avec politesse. On ne peut être que sidéré par ses faits".
Le quadragénaire ne laisse aucune place au dialogue. Il assène un coup de tête et un coup de poing au gendarme qui tombe au sol. Durant 2 minutes, le militaire sera évanoui. Il souffrira d’un traumatisme crânien et d’une fracture au visage. À l’audience, les traces des coups sont encore visibles. Le visage est tuméfié, un bleu est visible sous l’oeil et l’arcade sourcilière est recousue de 4 points de suture. Des blessures synonymes d’une incapacité totale de travail de 10 jours "Pour le bien de tout le monde, cet homme n’a rien à faire sur la voie publique. J’étais dans l’exercice de mes fonctions, mais imaginez que ce soit quelqu’un d’autre", avance le gendarme blessé.
En évoquant sa personnalité, le prévenu convainc encore moins le tribunal. Le psychiatre en charge de son expertise ne met en avant aucun trouble ayant pu altérer son discernement. Le médecin avance une dangerosité réelle pour autrui, aucune critique sur lui-même et un comportement de toute puissance. Né en 1976 et à Lyon, il assure être un enfant de la Creuse. Des propos qui font sortir la procureure Fanny Gauvin de ses gonds. "Si l’époque des châtiments corporels existaient encore, je demanderais à les infliger moi-même. Son comportement est intolérable et insupportable. Dès que vous lui donnez la parole, il se moque de vous", avance la parquetière.
Pour la représentante de la société, il n’y a guère de doute sur la fonction de la victime. La procureure requiert 8 mois ferme avec maintien en détention. "Il manque de respect à la loi et ceux qui l’incarnent. Il a refusé de signer le procès-verbal" Et d’ajouter : "Se dire enfants de la Creuse et se prévaloir d’une de l’histoire de quelqu’un d’autre sont des choses insupportables. Il ne peut être un enfant de la Creuse en étant né en métropole et en 1976".
En défense, l’avocate du prévenu rappelle que son client a déjà séjourné à plusieurs reprises en psychiatrie. "Il est SDF et est souvent victime d’agression. Une personne sans brassard est une menace pour lui. De plus, il a des problèmes psychiatriques", plaide la robe noire qui demande d’assortir l’entièreté de la peine d’un sursis probatoire.
Après avoir délibéré, le prévenu est parti à Domenjod, avec l’escorte policière. Il est condamné à un an de prison dont 6 mois assortis du sursis probatoire. Il devra se soigner et indemniser la victime.