Ni les importantes investigations des enquêteurs, ni les intenses recherches des gendarmes ont permis de trouver une piste pour localiser Mathieu Caizergues. La mystérieuse disparition du gendarme mobile n’est toujours pas résolue, quatre ans après le 23 juin 2017. Cache-t-elle encore des secrets ?
L’énigme de la disparition de Mathieu Caizergues, un gendarme mobile de 24 ans n’est toujours pas résolue. Le sentier depuis la Brèche jusqu’à Ti-Col est une impasse, aucune intersection nexiste, à l’exception du point de vue. Là aussi, le choix de faire demi-tour s’impose de lui-même. Une barrière empêche d’aller plus loin et de tomber dans l’impressionnant précipice.
D’ailleurs, les recherches actuelles par l’équipe d’Acropro se situent dans ce secteur. Un endroit dangereux, très friable où les chutes de pierres sont légion. Lors des méticuleuses recherches, les militaires du PGHM n’étaient pas descendus dans cet endroit à risque.
Le 23 juin 2017, il y a près de quatre ans, le militaire en poste depuis un mois à La Réunion, se lance dans son baptême mafatais. Il ne part pas seul. L’adjudant-chef, Pascal Q. et Christophe J., compagnon d’une gendarme à La Possession servent de guides. Les randonneurs descendent depuis le parking du Maïdo et rejoignent Roche-Plate, plus précisément le gîte de Thomas Judex où un carri canard les attend. L’occasion pour Mathieu Caizergues de découvrir Mafate et ses paysages époustouflants.
À 15 heures, ce vendredi, ils se lancent dans la marche du retour, 5,7 kilomètres pour 1000 mètres de dénivelé positif. Pascal Q. est sportif, il part en tête avec Mathieu Caizergues. Christophe J., au physique plus imposant ferme la marche. Le Montpelliérain, pris de crampes, va ralentir le rythme.Vers 17 heures, il envoie des nouvelles en envoyant une photo à sa compagne et puis à sa mère, à 17h39. Sur l’image, son visage présente “un œuf de pigeon”
Pascal Q. arrive en premier à Ti-Col et est rejoint par Christophe J., sans jamais apercevoir Mathieu Caizergues, d’après sa version. Le gendarme mobile essaie de contacter par téléphone Pascal Q. et Christophe J.. En vain. L’un a oublié son téléphone au gîte et le second ne décroche pas ou rappelle sans être directement en relation avec Mathieu Caizergues. Le portable du gendarme en mission pour 3 mois à La Réunion n’émettra plus, après 21 heures.
Les deux autres randonneurs attendent un temps à Ti-Col, un temps avant de rejoindre leur voiture. L’hiver austral est là. Le froid s’installe à la nuit tombée vers 18h20. Ils finiront par descendre en direction de la gendarmerie de Saint-Paul et s’arrêteront dans une boutik pour charger le seul téléphone en leur possession. Ils ne trouveront pas le câble recherché et ne penseront toujours pas à alerter les secours. Il faudra attendre leur retour à la gendarmerie pour enclencher les secours, à 20h44, 3 heures après la disparation de Mathieu Caizergues
“La chronologie est terrible pour eux. Alors que la nuit est tombée à 18 h 20, les secours ne seront avertis qu’à 20h44”, résumait, l’ancien avocat de Delphine Caizergues, Me Jean-Marc Darrigade dans le Quotidien du 22 mai 2019.
La nuit-même, des gendarmes du PGHM seront sur le sentier à la recherche de Mathieu Caizergues. Le giteur, prévenu, ira voir dehors mais ne verra rien. Dans les jours qui suivent, d’intenses recherches sont diligentées. La falaise est scrutée. L’hélicoptère de la gendarmerie est mobilisé. Des chiens se lancent à la recherche de Mathieu Caizergues. Des drones inspectent la zone. Un chien de métropole, un Saint-Hubert spécialisé dans la recherche des disparus sera mobilisé. En vain. Rien. Aucun indice ne permettra de localiser Mathieu Caizergues, qui quatre ans plus tard est toujours introuvable.
Disparation de Mathieu Caizergues : les recherches de l’extrême
Seulement, la famille et Delphine Caizergues demandent légitiment des réponses et veulent percer ce mystère. La mère de famille ne se décourage jamais et n’arrêtera pas sans savoir.
Les explications des randonneurs ne lui suffisent pas. Au contraire. La famille relève de nombreuses incohérences dans leurs témoignages et des mensonges. Dans la presse, Delphine Caizergues ne cache pas son désir de connaître la vérité. Elle lance ses propres recherches, explore ses pistes et est prête à donner une récompense contre des informations. Des affiches sont collées sur le sentier. La famille se rend à plusieurs reprises sur l’île. Des battues sont organisées avec des bénévoles. Le combat est long et intense. Les Réunionnais sont touchés et veulent aussi comprendre. La page Facebook “Retrouvons Mat” a ses soutiens, avec ses 12 439 abonnés. Des témoignages affirmant l’avoir vu sont récoltés. Là encore, la famille se heurte à une nouvelle impasse.
Pascal Q. et Christophe J. seront mis en examen pour “non-assistance à personne en danger”. Une mise en examen qu’ils contesteront devant la chambre de l’instruction en 2019. Sans succès. Dernièrement, cette même juridiction a répondu favorablement à une demande de la famille, à savoir des recherches au niveau de point de vue. Un endroit où le chien avait réalisé un marquage, en 2017. Un secouriste du PGHM confiait à la presse lors des recherches, “avoir 95 % de chances de trouver Mathieu Caizegues s’il était tombé dans le rempart.”
La zone actuelle de recherches sous le point de vue pourrait correspondre aux 5 % restants. La piste de la chute accidentelle pourra-t-elle être définitivement fermée ? Mathieu Caizergues est-il sorti du cirque, comme le pense sa famille ? Faut-il chercher ailleurs ?
Quatre ans après, cette disparition n’a toujours pas révélé tous ses secrets.
Pour l’avocat de la famille Caizergues, les recherches doivent s’orienter hors du cirque