Les langues se délient à La Réunion après l’agression d’un professeur à Créteil. La violence de certains élèves envers les professeurs pousse un professeur de sport à témoigner.
Agressé par des collégiens en mai 2017 au collège Paul Herman à Saint-Pierre, Thierry (prénom d’emprunt) a accepté de témoigner, un an après.
Ce jour-là, quatre de ses élèves lui lancent des projectiles et le frappe à coup de raquette de tennis alors qu’il donne un cours d’éducation sportive, en tant que professeur. Il ne voit rien venir.
"Suite à une punition que je leur est donné en début de cours, arrivés sur les terrains de sports, ils se sont jetés sur moi, tout en filmant la scène. Les jurements en créole ont commencé à arriver, mais j’étais loin de me douter qu’ils allaient vraiment passer à l’acte. Ils ont profité que j’avais le dos tourné pour me sauter dessus. Et m’ont frappé à coup de pied, de poing, de pierre, de raquette de tennis... Tout ce qu’il y avait sur le terrain à ce moment-là."
Alors qu’il peut se défendre, le professeur préfère se mettre en boule pour ne pas riposter. Selon ses mots, ce serait très mal vu de s’en prendre à des élèves au sein de la profession. S’il décide aujourd’hui de parler, c’est pour de bonnes raisons. "Dernièrement on a vu le braquage de cette professeure en Métropole, qui a été filmé. La plupart des incidents qui se produisent au sein des établissements ne sont pas toujours pas filmés mais ils existent.
Pratiquement quotidiennement des professeur sont agressés verbalement ou physiquement par des élèves de 14 - 15 ans. Finalement, on est comme des Casques bleus. On a tout le système contre nous, on doit faire notre métier et en même temps on a les parents d’élèves et les élèves contre nous, l’administration qui ne nous suit absolument pas."
Depuis cette agression, l’ancien professeur se repasse la scène sans cesse dans la tête ; il est suivi psychologiquement. Le métier pour lequel il a consacré sa vie s’arrête brutalement à l’âge de 52 ans. La seule option qu’on lui laisse aujourd’hui, c’est une retraite anticipée. "C’est une double peine, je me fait frapper, dans un premier temps et je perds mon boulot dans un deuxième temps."