Volte-face, hier au procès d’assises, Sabeira Issabhay a déclaré avoir exagéré son implication dans le décès de sa sœur le 26 décembre 2016. Quant à sa sœur, Sofia Issabhay elle a reconnu des coups de poing et des gifles. Sabeira et Sofia ont toute deux été condamnées à 8 ans de prison ferme.
Peu avant midi ce mercredi 8 septembre, le verdict est tombé. Les soeurs Issabhay sont fixées sur le sort.
Sabeira est condamnée à 8 ans de prison ferme, une peine identique pour Sofia. Pour cette dernière, aucun trouble psychique n’a altéré son discernement selon les experts. Elles ont été reconnues coupables de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner en réunion.
L’avocat général avait requis13 ans de réclusion criminelle pour Sabeira et 8 ans pour Sofia. Selon l’avocat général, "Mariame était un objet non désiré dans le cercle familial, un exutoire et souffre douleur."
En défense, ils n’avaient pas la même lecture expliquant qu’elles avaient tout donné pour leurs proches.
Les déclarations d’hier peuvent voler en éclats. Un silence peut être révélateur. En l’occurrence, les longues secondes d’hésitation de Sabeira Issabahay témoignent d’un secret. En répondant aux questions de la cour, elle peut libérer ses secrets où, comme elle l’a toujours fait durant ses 68 ans de vie, enfuir encore plus profondément et vivre recluse. "On a pris l’habitude de ne pas montrer nos peines", précise la sexagénaire.
"Avez-vous déclaré donner des coups de pied, de poing et de tête pour protéger votre sœur ?", lui demande alors la présidente Virgine Bellouard-Zand. Elle hésite, ne dit rien. Habillée comme sa sœur d’une robe bleue et d’un pull de la même couleur, la petite femme à la chevelure grisonnante finit par hocher la tête et dire "Oui". Les deux soeurs, qui sont les seules dans la famille affirment que leur soeur est depuis quelques jours en proie à de violentes crises de démence, allant jusqu’à se cogner la tête. Le 26 décembre, la crise serait plus violente que d’habitude. La victime se serait déféquée dessus. Des explications qui résonnent avec l’affaire de la momie où durant 23 ans, dans une chambre, les deux sœurs ont dormi avec le corps momiffié de leur tante. Zoubeda aurait aussi rejoint le domicile, après un divorce et aurait sombré dans la folie. Au sujet du décès de Mariame Issabhay, sa soeur, elle reconnaît difficilement l’avoir tenue et lui avoir donné des gifles dans le dos.
Sa soeur, Sofia Issabhay change de version à plusieurs reprises. Pour la confronter à la vérité, la présidente lui montre les photos de la sœur décédée. Les hématomes sont nombreux et sur tout le corps. Ses cheveux sont coupés car elle se les arrachait d’après Sofia Issabhay. Une affirmation contestée par le médecin légiste. Ce jour de décembre, après avoir donné un bain à la victime, Mariame Issabhay, à bout et épuisés de sa sœur malade, elle lui donne des coups-de-poing et des baffles. "Vous avez vu les photos. Comment on peut expliquer qu’une personne se soit frappée comme ça ?". Elle évoque une glissade dans la salle de bain et minimise sa participation. Seulement, à 18h30 les secours constateront le décès. La température du corps est de 31 degrés. Pour le médecin légiste entendu hier matin, la mort remonterait approximativement à 8 heures plus tôt. D’après les accusées, à 14h30 ce jour-là, elle était toujours en vie. Une énième contradiction.
Les fils de la victime, qui ne souhaitent pas se constituer parties civiles ont raconté que les deux sœurs, en particulier Sofia, avaient isolé la victime de ses proches. Après son divorce, cette dernière avait rejoint l’immeuble familial situé au 38 rue Alexis de Villeneuve, à Saint-Benoît. "Elles répondaient à sa place. Je voyais ma mère partir. Elle regardait par terre et n’était plus la femme pétillante qu’elle était", précise l’un des fils. Les deux fils parlent de l’influence d’un gourou indien. D’après l’ainé, les deux femmes de confession musulmane, n’ont jamais quitté leur domicile, hormis pour aller à La Mecque et en Inde pour le mariage de leur frère, ont dilapidé la fortune de la famille pour ce gourou. "Elles étaient tellement dépendantes à ce gourou en Inde que s’il disait qu’il fallait couper un doigt à maman, elle l’aurait fait". Les deux sexagénaires, ont devant les jurés, affirmé ne jamais avoir pensé que la victime était sous l’emprise d’un démon et n’avoir jamais été en relation avec un gourou.
En fin de journée, l’expert psychiatre s’est exprimé. Il parle d’une cellule familialle bien organisée et d’une famille qui vit en situation de repli. Les deux sœurs n’ont jamais cherché à trouver un compagnon ou à embrasser un garçon, "comme quelque chose qui ne peut pas être déverrouillé". Concernant, Sofia Issabhay qui a quitté l’école en CM2 pour s’adonner corps et âme dans la vie de famille, il présente une femme avec des symptômes d’inhibition et une personnalité dyshamornique. "Elle est dans une sorte de vide. Le temps qui passe n’a pas d’emprise sur elle. Il y a un décalage entre le potentiel qu’elle aurait pu avoir et la réalité de son parcours". Il retient une altération du discernement, vu ses "capacités de fonctionnement limitées". Durant son parcours de vie, après chaque échec à l’école ou après un accident de voiture, elle se renferme sur elle-même, sur les choses qu’elle domine, à savoir sa maison et sa vie de famille.
Ce matin, les réquisitions de l’avocat général sont tombées avant les plaidoiries des avocats de la défense.
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