La cocaïne est désormais présente sur toute notre île. Un constat qui fait régulièrement l’actualité. La consommation de cocaïne explose à La Réunion et elle est en augmentation ces dernières années. Réservée par le passé aux nuits Saint-Gilloises ou à un public privilégié, la drogue est désormais consommée dans toute l’île, toutes les classes sociales sont concernées.
Le soir même en pleine semaine à Saint-Gilles, lorsque la musique et les verres commencent à faire leurs effets, les langues se délient.
Ils sont peu à vouloir parler de cocaïne au micro, mais tous ici la côtoient :
- "Il y a beaucoup de personnes qui prennent de la cocaïne ici, mais moi personnellement je n’en consomme pas."
- "Il suffit parfois d’envoyer un simple sms et tu peux en avoir dans la nuit. C’est très simple et en plus avec la quantité que tu veux".
- "C’est surtout les 18-35 ans, ce n’est plus une chose taboue aujourd’hui en soirée".
En quelques années, la drogue est devenue banale et consommée bien au delà des murs des boites de nuit de l’Ouest, "pour passer une bonne soirée, pour éviter d’être trop saoul, pour tenir le rythme du travail".
L’an dernier les douanes de l’aéroport de Roland Garros ont saisi 30kg de cocaïne. C’est 4 fois plus en seulement deux ans, un phénomène nouveau pour les agents, celui des mules :
"Vous avez un avion avec 400 passagers dedans. Il faut donc trouver les personnes qui peuvent être susceptibles d’en avoir. Parfois même si on possède des indices, ce n’est pas facile. Ils utilisent des leurres, de bonnes cachettes, on a très peu de temps pour contrôler. Le travail est difficile", souligne Jean-Pierre Deleage Chef de service des douanes de la surveillance à l’aéroport Roland Garros.
Produite en quasi totalité dans 3 pays d’Amérique du Sud. La drogue est d’abord acheminée en Guyane Martinique ou Guadeloupe. Par la mer ou par les air, elle arrive ensuite en métropole. C’est depuis Paris qu’elle est acheminée en mule ou par colis sur notre île.
Une dernière étape qui est très rentable. En France, le gramme de cocaïne est vendu 60 euros le gramme, mais à La Réunion, elle se négocie à 160 euros. Un bénéfice qui attise les convoitises et un prix élevé qui incite à la pratique du "basage" :
"En mélangeant cette cocaïne avec le l’ammoniac ou du bicarbonate de soude, il y a une réaction chimique qui fait un craquement, d’où ce nom "crack". Ça permet de lui donner du volume et d’avoir un effet plus intense. Cet effet va durer peu longtemps et va entraîner une addiction forte et un trouble du comportement qui peuvent varier. On a eu plusieurs patients hospitalisés en même temps pour le même motif, c’est une première", précise le Dr. David Mété Chef du service Addictologie au CHU Nord.
Dans les quartiers populaires, la consommation de crack prend de l’ampleur à tel point que les autorités doivent réagir. L’ARS de La Réunion nous a confié qu’une grande campagne de sensibilisation sera prochainement lancée.