Le procès du prêtre Jacky Hoarau, accusé de viols sur un enfant de choeur, s’est ouvert ce matin à la cour d’assises. Le fait marquant de cette première journée a été le rejet de la cour de la constitution de partie civile de l’église. Un motif de satisfaction pour le bâtonnier de Georges André Hoarau, l’avocat de l’accusé.
L’air absent, Jacky Hoarau est arrivé libre à la cour d’assises ce matin. Jugé pour les viols sur un enfant de choeur entre mai 2008 et juin 2009 âgé de 14 ans à l’époque, l’ancien curé de Sainte-Marie a rejoint rapidement le box des accusés (cf linfo.re : Jacky Hoarau à la barre pour le viol d’un enfant de choeur). Monseigneur Gilbert Aubry est arrivé quelques minutes après l’ancien prêtre, visiblement perturbé.
"Nous sommes des citoyens comme tout le monde et c’est important que la Justice se prononce sur cette affaire", commente Monseigneur Gilbert Aubry. Au moment où l’affaire avait éclaté, l’homme d’église avait souligné qu’il s’agissait de la « pire crise que le diocèse ait eu à passer depuis l’époque coloniale ». L’église souhaitait se constituer partie civile dans cette affaire, car le scandale a terni son image et son honneur. Pour Maître Jean-Jacques Morel, avocat chargé de représenter le syndicat écclésiastique, "l’église est du côté de ceux qui souffrent".
Ces arguments n’ont vraisemblablement pas convaincu la cour d’assises, qui a jugé irrecevable la constitution de partie civile de l’église (cf linfo.re : l’Eglise ne peut pas être partie civile). Une décision "allant à l’encontre de l’histoire" selon Mr Jean-Jacques Morel, qui réfléchit maintenant à un recours. "On ne peut pas dire d’un côté que l’église ne fait rien, ne dit rien et puis au moment où on adopte un démarche de modernité, au moment où l’on dénonce, dire "circulez il n’y a rien à voir", déclare l’avocat.
En revanche, le rejet de constitution de partie civile est jugé judicieux par le bâtonnier Georges André Hoarau, avocat de Jacky Hoarau. "Ce n’est pas un procès contre l’église, mais ce n’est pas non plus un procès pour l’église", souligne t-il. Le bâtonnier Georges André Hoarau, avocat de la défense qui estimait ce matin sur Antenne Réunion Radio que "l’hypocrisie de l’Eglise devait être démasquée" et n’a donc pas caché sa satisfaction. "Pour moi, l’église est plus coupable que partie civile" a t-il poursuivi, affirmant que l’évêché avait voulu payer ses honoraires.
Depuis 1990, Monseigneur Gilbert Aubry connaissait les tendances homosexuelles du frère Jacky Hoarau, il l’avait même envoyé voir un spécialiste au Québec. "Soit l’église était informée qu’il pouvait y avoir un risque d’acte pédophile chez le père Hoarau et là ça pose un souci, car cela sous-entend qu’il l’aurait protégé", explique l’avocat de la jeune victime Maître Olivier Chopin.
Le procès se déroule à huis clos, sur la demande de l’avocat de la victime Maître Olivier Chopin. L’enjeu de cette journée sera l’examen du profil psychologique de l’ancien prêtre.
Rappel des faits :
L’ancien prêtre de Sainte-Marie est accusé de viols sur un mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité. Entre mai 2008 et juin 2009, l’homme d’église aurait fait subir des attouchements et des viols à un jeune enfant de choeur âgé de 14 ans. Le garçon avait fini par se confier à sa mère qui avait tiré la sonnette d’alarme. La Justice et l’évêché sont alertés et une procédure judiciaire est enclenchée. L’ancien curé est mis en examen, puis incarcéré avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire.