Ce vendredi 9 avril, un couple comparaît au tribunal pour des suspicions de maltraitance sur leur enfant, âgé de 3 mois au moment des faits présumés. Les médecins avaient découvert de multiples fractures sur le corps du bébé en mai 2014. La décision de justice doit être rendue en mai prochain.
Les faits se sont déroulés en mai 2014 à Saint-André.
Le jeune couple, respectivement âgés de 19 ans et 24 ans, s’est rencontré au collège. Depuis plus d’un an, Jonathan* et Mireille* (noms d’emprunt) préparent l’arrivée de leur premier enfant.
Prévoyant, Jonathan décide de passer son permis, de construire et d’aménager une chambre pour l’enfant à naître. Les deux futurs parents peuvent compter sur le soutien de leurs familles respectives...
Le bébé, une petite fille, naît au mois de mai 2014, s’ensuivent alors 3 mois de chaos sans nom.
Inquiète d’une fracture visible sur la jambe du nourrisson, Mireille décide d’aller aux urgences. Les médecins se rendent compte que la petite n’a pas une, mais plusieurs fractures sur le corps. De plus, celle sur la jambe est une double fracture.
Craignant pour le devenir de cet enfant, le corps médical décide de prévenir le procureur de la République, qui ouvre une enquête.
Après une instruction de plus de 7 ans, Jonathan et Mireille se retrouvent aujourd’hui devant le tribunal correctionnel. Tout au long des auditions, le quotidien de ce couple montre des négligences en ce qui concerne leur enfant.
En effet, peu avant la découverte du mal-être de l’enfant, Jonathan évoque un "incident" de voiture. En effet, lors d’une sortie en famille, bébé est attaché dans son cosy à l’arrière du véhicule. Pour son confort, ses parents installent un coussin assez large.
Ne pouvant pas attacher la ceinture du cosy à cause de ce coussin, les parents décident de l’attacher à la ceinture de sécurité de la voiture. La catastrophe arrive, le père freine trop fort, et bébé se retrouve au pied de la banquette du véhicule.
" On a toujours eu l’habitude de l’attacher comme ça" déclare Jonathan à la cour, penaud.
A t-on conduit le bébé chez le médecin ? La réponse est non.
D’autres incidents, assez similaires, vont se déclarer. Mireille dit "tirer" le bras de son enfant pour le changer, une remarque qui ne manque pas de choquer les assesseurs de cette audience.
"Votre enfant se plaignait quand on la soulevait sous les épaules, n’est-ce pas ? " demande la présidente à Mireille, la mère. Celle-ci affirme.
Quand on lui demande pourquoi elle n’a pas amenée sa fille chez le médecin, la jeune femme répond simplement "Car maman ne m’a pas conseillée de le faire".
"Maman et belle maman sont médecins maintenant !" s’esclaffe la présidente, médusée devant tant de laisser aller.
Sur les premiers mois de son existence, la petite n’est allée qu’une seule fois chez le médecin, et deux chez la sage-femme. Cette dernière avait noté sur le carnet de santé du nourrisson qu’il fallait impérativement consulter un généraliste au plus vite.
Sous prétexte que le médecin familial n’était pas disponible ce jour-là, Mireille n’y a plus du tout pensé.
Pendant ces 7 ans d’enquête, des experts ont affirmé que la petite avait bel et bien subi de la maltraitance. Ils ont écartés unanimement l’hypothèse de la maladie osseuse, avancée par le jeune couple.
Les magistrats, les avocats, tous sont effarés par les faits. Un nourrisson, d’à peine 3 mois, présentant de multiples fractures quelques semaines après sa naissance.
Le procureur est radical dans sa prise de parole : "Vous croyez qu’on est à Disneyland ? Le rapport des experts est formel, elle a été maltraitée". Il demande une peine de 3 ans d’emprisonnement, avec 2 années de sursis et le retrait du droit parental.
L’avocate des parents, elle, tempère.
Elle explique que c’est un jeune couple, encore novice quant à l’éducation d’un enfant.
Pour sa défense, la mère martèle à la barre "Je n’ai jamais frappé mon enfant". L’avocate plaide la relaxe pour Jonathan et Mireille. La décision sera rendue le jeudi 6 mai, d’ici là, la justice devra déterminer qui à vraiment violenter ce jeune enfant.
L’enfant, dont la garde avait été retiré durant 6 mois au moment des fait, aujourd’hui âgé de 7 ans, vit de nouveaux auprès de ses parents et semble être en bonne santé.
Lucas Candessoussens