L’ex-otage réunionnais Francis Collomp s’est livré pour la première fois ce jeudi, revenant sur les épreuves qu’il a dû surmonter pendant les 333 jours pendant lesquels il a été retenu en otage au Niger.
C’est avec beaucoup d’émotion que Francis Collomp s’est exprimé pour la première fois devant les médias. L’ingénieur réunionnais, retenu en otage pendant 333 jours, au Niger, a raconté cette épreuve qui l’a changée à jamais.
Francis Collomp s’est dit se sentir bien : "je me sens physiquement bien", déclare-t-il, "les médecins n’ont rien décelé dans les examens."
Le Réunionnais explique que les médecins s’interrogeaient sur son état de santé et se demandaient s’il souffrait du syndrome de Stockholm. Il leur répond : "pas du tout, j’ai un caractère qui ne correspond pas à ce genre de problèmes."
Il raconte aussi le moment où il lui a été ordonné d’enregistrer un message vidéo de propagande : "ils ne vous préviennent pas et c’est plus politique que financier parce qu’ils voulaient qu’on arrête l’intervention militaire, qu’on ne soit plus contre l’Aqmi, qu’on n’intervienne pas dans les zones qui sont en train de se construire et libérer des prisonniers."
Il raconte le "seul émoi" qu’il a eu alors qu’il était en captivité : "avoir eu des nouvelles de ma famille, le message de ma femme le 22 juin était dur à encaisser émotionnellement." Il explique : "c’est dur car vous recevez un message, mais vous ne pouvez pas répondre, ni aider la personne."
Au bord des larmes, il assure : "revoir ma belle-famille aussi, c’est prenant." Il ajoute : "ce sont vraiment tous les soutiens qui m’ont ému", montrant son courage, "la captivité, les coups de crosse, être menacé, j’avais le caractère pour y résister." Francis Collomp tient aussi à remercier les Réunionnais : "je connaissais déjà leur chaleur humaine, je leur dis plus que merci."
Francis Collomp révèle qu’il aurait dû être libéré en juin dernier. "On m’a dit ensuite que je ne le serai pas car la connexion a été interrompue." Il explique : "ils avaient une relation avec la fondation Tony Blair, puis avec un autre intermédiaire plus proche de notre pays, mais les deux ont capoté." "Tout ça m’a donné de l’espoir et l’envie de m’évader", affirme-t-il avant d’ajouter, "de toute façon, j’avais toujours envie de m’enfuir."
Francis Collomp raconte ses conditions de détention : "au départ, c’était très dur. Les 10 premiers jours, j’ai dormi sur une natte après avoir passé des nuits dans un coffre", explique-t-il avant d’aborder le sujet de la nourriture : "le pire, c’était pendant la période de Ramadan, où je n’ai eu que 80 grammes de biscuit par jour."
Le Réunionnais a aussi tenu à rester en forme physique : "je me suis mis en tête de marcher 15 kilomètres par jour en cellule." Mentalement il s’est raccroché "pendant que je faisais cela, je m’imaginais des scénarios d’évasion et j’analysais ce que me disait le manager ou je prenais mon cahier." En captivité, sa journée était ainsi organisée : "je me levais à 5 heures le matin, je marchais 7 kilomètres puis 8 l’après-midi et je me couchais à 23 heures."
Mais l’ex-otage s’est aussi insurgé contre une nouvelle qui l’a estomaqué. "Ils ont supprimé ma retraite, mais franchement, j’étais pas mort", s’étonne-t-il avant d’ajouter, "prendre des coups comme ça, c’est pas normal."
Le Réunionnais s’est libéré de lui-même. Une évasion qu’il construit en gagnant la confiance de ses geôliers : "J’ai toujours pensé qu’il fallait que je me tire", affirme-t-il avant de raconter son évasion. "C’est une erreur du geôlier qui a laissé les clés à l’extérieur de la porte alors qu’il était allé faire ses ablutions avant la prière", détaille-t-il, "j’ai ouvert doucement la porte, je me suis raclé la gorge bruyamment pour masquer le bruit des clés qui refermaient la serrure." Ensuite, il est sorti de son lieu de captivité : "je savais comment quitter la maison et atteindre une rue et une voie plus importante 400 mètres plus loin."
L’ex-otage réunionnais parle de son retour sur l’île : "j’aimerai retourner à La Réunion incognito." Francis Collomp et sa femme Anne-Marie seront de retour à La Réunion ce lundi 25 novembre.
Retrouvez la première interview de Francis Collomp dans la vidéo jointe.