Monsieur Zoïd comparaît ce jeudi 1er décembre au tribunal judiciaire de Champ Fleuri. Il est convoqué pour des faits incestueux commis le 14 juillet 2021 sur sa petite-fille de quatre ans, Zélie, et des agressions sexuelles sur ses filles, Johanna et Michèle. Le parquet requiert six ans de prison ferme.
Une petite serviette de toilette violette à la main, Johanna, est entourée par sa sœur Michèle et son compagnon sur les bancs des auditeurs du tribunal judiciaire de Champ Fleuri. Venir assister à cette audience est une nouvelle épreuve pour elle et sa sœur. Les jeunes femmes âgées d’une trentaine d’années vont affronter leur père. Cette figure qui les a agressés sexuellement à plusieurs reprises pendant leur enfance.
Pourtant, elles ont alerté leur mère. Elles n’ont pas été crues. Alors, pendant des années, elles ont enfoui ce traumatisme au plus profond de leur chair. Pourtant, le 14 juillet 2021, l’omerta familiale est brisée par un nouveau passage à l’acte de leur père.
L’ensemble de la famille se retrouve en cette journée de juillet chez Michèle. Pour éviter de faire trop de route, tout le monde va dormir chez les parents. La fille de Johanna, Zélie, âgée de 4 ans, profite de ses cousins. Vers 23h45, la jeune maman décide d’aller coucher sa fille, sauf qu’elle ne la retrouve pas dans la chambre en train de jouer.
“Je vois mon père dans les toilettes, la porte entrouverte, torse nu. Puis, ma fille sort derrière lui", raconte-t-elle. "Je lui demande si son papy lui a fait quelque chose. Elle me répond : il m’a demandé de venir jouer. Il m’a touché ma choupette et je lui ai enlevé sa main, car ça me faisait mal.” Johanna demande des explications à son père. Il nie en bloc. Elle décide de partir avec sa fille et son mari.
En rentrant chez elle, Johanna appelle ses sœurs. “Je pensais être la seule à qui papa a fait cela” : cette phrase de Michèle est une bombe. À cet instant, les deux femmes se rendent compte qu’elles ont vécu la même chose. Elles décident d’aller déposer plainte le lendemain.
Lors de l’audience, les jeunes femmes font face. Les larmes de Johanna ne s’arrêtent pas. Michèle tient bon et arrive à prendre la parole. Elle demande à son père : “pourquoi nous et pas nos autres sœurs ? Aujourd’hui, on a des questions qui resteront sans réponse et je dois vivre avec cela.”
Face à elles, un père sans empathie aucune. Juste un “désolé”. Les experts psychiatres ne lui trouvent aucune maladie mentale, mais une empathie inexistante. Lors de ses auditions, le prévenu parle de caresses, mais pas d’attouchements. “Il minimise les faits. Il n’y a aucune remise en question alors qu’il y a des répercussions à vie”, requiert la substitut du procureur.
“Il a vécu des agressions sexuelles en étant plus jeune. Cela a créé un traumatisme chez lui dans sa construction. Il n’a pas voulu faire de mal. Sa barrière : le viol. Il a eu une prise de conscience pendant la procédure et sa détention”, plaide son avocat.
En vain. Il est condamné à quatre ans de prison ferme et un an avec sursis probatoire avec l’obligation de suivre des soins. Son nom est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.