Une victoire judiciaire pour un habitant de Cambuston à St André. Maxime Leclercq a fait condamner la Cise à lui rembourser 5 ans d’achat de bouteilles d’eau, soit plus de 2 800 euros entre autres. L’eau du robinet était régulièrement impropre à la consommation. Il s’était résolu à n’utiliser que de l’eau en bouteille.
C’est écrit noir sur blanc par l’Agence régionale de santé (ARS) : l’eau qui arrive chez les Leclercq est non conforme aux normes en vigueur. Les bactéries présentes sur un relevé sont les mêmes que celles responsable d’infections intestinales ou de gastro-entérites. "On peut voir qu’il y a des des Escherichia coli, des microbes pathogènes, ici c’est 57 microbes par unité de 100 ml d’eau. Et la règle du jeu c’est aucune bactérie fécale dans notre eau normalement", confie Maxime Leclercq.
Depuis 2007, sa femme et lui paient chaque mois leur abonnement à l’eau potable, sans pouvoir en disposer. Pour le père de famille, s’en est trop. C’est la raison qui le pousse à entamer des démarches début 2016. La justice vient de statuer en sa faveur.
"Le juge a demandé qu’il y ait un remboursement de l’eau en bouteille sur cinq ans en arrière. Dans le calcul qui a été fait, cela équivaut à quasiment 3 000 euros. Il y a eu également une indemnité pour le préjudice subi, environ 2 000 euros, le remboursement des frais juridiques. Cise a aussi l’obligation de nous livrer, à partir de l’exécution de la peine, l’équivalent de 6 litres d’eau par jour à domicile."
En attendant les livraisons d’eau du distributeur prévu par la loi, la famille a dû investir afin de pouvoir s’hydrater. "Puisque l’eau n’est pas potable au robinet, on loue une fontaine à eau. On a environ chaque mois 5 bonbonnes d’eau", confie son épouse.
En communiquant sur son cas, l’objectif de Maxime est d’inciter d’autres usagers à engager une action de groupe en justice. En effet, plus d’un Réunionnais sur deux n’aurait toujours pas accès à l’eau potable.
La société CISE Réunion prend acte de la décision du Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis dans l’affaire qui l’oppose à M. Maxime Leclercq. Cependant, elle souhaite rappeler que les investissements, notamment en matière d’unités de potabilisation, sont du ressort des collectivités. CISE Réunion travaille depuis plusieurs années avec ces dernières pour les accompagner à la mise en place progressive des unités de potabilisation sur l’ensemble du territoire.
Un travail qui s’est concrétisé dernièrement à Saint-André avec l’inauguration de l’unité de traitement d’eau potable de Dioré. Cette unité complète les forages en exploitation et permet déjà à 90 % des Saint-Andréens de disposer d’une eau potable 24h/24, 7J/7.
Les travaux de raccordement des habitations de Bras-des-Chevrettes au nouveau forage du Désert permettront d’ici mi-2020 de garantir une eau potable pour l’ensemble de la population de Saint-André.
A la Réunion, l’eau provient soit de forages (dans les nappes phréatiques) soit de captages (eau de surface, de rivière). Contrairement à l’eau de forage, qui n’a pas besoin de subir de traitement très important, les eaux de surfaces (c’est à dire les eaux de rivières) doivent être traitées pour être considérées comme potables.
En 2016, L’ARS OI a initié́ un plan d’action, Le plan eau potable, pour sécuriser et améliorer la distribution de l’eau potable a la Réunion. L’objectif est d’équiper en unité́ de potabilisation chaque commune reliée à de l’eau de surface.
L’Europe, l’Etat, la Région, l’office de l’eau, ont mis à disposition des collectivités (responsables des investissements et des mises en conformités) 100 millions d’€ pour permettre les travaux de mises aux normes.
18 communes ont répondu a l’appel et devraient se mettre aux normes d’ici 2020.