Depuis mi-juin, le rituel est le même pour une équipe de cordistes d’Acropro. Au niveau du point de vue sur le sentier menant à Roche-Plate, ils explorent une zone particulièrement à risques. Un endroit où Mathieu Caizergues aurait pu tomber, il y a quatre ans.
Le soleil se lève à peine. Au Maïdo, une équipe de six cordistes, en ce jour d’hiver austral, descend le sentier en direction de Roche-Plate. Le même sentier emprunté, il y a quatre ans par Mathieu Caizergues, avant de disparaître. Les gendarmes avaient mené d’importantes recherches à l’époque. Les nouvelles fouilles émanent d’une demande de la famille devant la chambre de l’instruction qui les a acceptées.
Le sac à dos est imposant et un petit pull n’est pas de refus pour lutter contre le froid perçant. L’incendie de novembre dernier a laissé des traces. Des cailloux se dissimulent sous les pieds des cordistes. La prudence est de mise. Le groupe ne se sépare jamais.
Jean-Baptiste, à la tête d’Acropro est présent ce 22 juin. L’occasion de suivre les opérations et de faire le point avec l’équipe, même si les contacts sont quotidiens. Avec Arnaud, un ancien pompier professionnel, ils ont méticuleusement préparé ces recherches. La sécurité des cordistes reste la priorité. La nature dicte la loi et décide du parcours pour descendre dans l’abrupte falaise. “Il faut supprimer les frottements sur une corde tendue.Ils pourraient être dramatiques. C’est simple, un frottement sur une corde tendue aura comme résultat que la corde finit par céder. De plus, ça nous permet de créer des zones d’attente par rapport aux risques de chutes de pierre et l’évolution du personnel qui intervient sur le rempart”, précise Arnaud, ancien pompier du GRIMP (groupe de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux.
En descendant petit à petit, des relais sont installés. Il faut faire preuve d’ingéniosité et trouver l’endroit propice. Les cailloux sont vérifiés. La moindre fissure oblige à trouver un autre point d’ancrage. Les arbres s’avèrent être suffisamment solides pour installer la corde. “On peut descendre pendant 30 ou 40 mètres, avant de devoir installer un autre relais et pouvoir descendre seulement 5 mètres. Il n’y a pas de règle”. Au moment de l’installation, l’hélicoptère de la gendarmerie avait amené une aide technique en déposant les 1800 mètres de corde et la demi tonne de matériel.
Pour l’avocat de la famille Caizergues, les recherches doivent s’orienter hors du cirque
Au niveau du point de vue, au bout d’une demi-heure de marche, les cordistes s’équipent en quelques instants et échangent sur l’avancée des recherches. Ils plongent dans la falaise et disparaissent dans la végétation. Ils sont toujours attachés à deux cordes, elles-mêmes fixées sur un point d’encrage. Les cordistes travaillent en binôme. Ils se contactent par talkie-walkie. Les deux cordistes restent à portée de voie et de vue et fouillent dans la végétation à la recherche du moindre indice permettant de localiser le gendarme mobile. Le terrain est dangereux et loin d’être stable. Les chutes de pierres sont constantes. Il ne faut jamais être les uns en dessous des autres.
Une fois partis dans la falaise, ils savent qu’ils ne reviendront pas tout de suite à la table d’orientation. Le pique-nique est embarqué. Pour remonter, à la force des bras et des jambes, à l’aide d’un matériel spécifique, il faut une heure de temps. Un oeil est toujours tourné vers le ciel, vérifiant que des nuages ne se forment pas. La météo est épiée et à la moindre goutte de pluie, il faut arrêter les recherches. “On descend sur plusieurs centaines de mètres. C’est une intervention assez technique. On n’a pas le droit à l’erreur. Il faut être conscient du danger tout le temps”, confie un cordiste, avant de descendre. L’équipe d’Acropro devra rendre compte du résultat de ses recherches à la justice.
Quatre ans après la disparition de Mathieu Caizergues, le mystère reste entier