En novembre 2021, Cédric Phileas poignarde et éventre ses deux enfants âgés de 9 et 2 ans à Saint-Louis. Il n’a jamais été retrouvé. Son ancienne compagne et la mère des enfants, Delphine, témoigne aujourd’hui en exclusivité dans le 52 minutes Actu.
Il y a 2 ans, le 27 novembre 2021, Cédric Phileas tente de commettre l’irréparable. Marié et père de deux enfants, il n’accepte pas la séparation avec celle qui partage sa vie. Un matin, il décide alors de lui tendre un piège et la séquestre à son domicile de Roches Maigres. Delphine, son ancienne compagne, comprend alors que pour elle, c’est la fin :
« Le père avait sollicité son droit de garde. Je les avais déposés le vendredi soir avec la grand-mère. Samedi matin, j’ai reçu un appel du père qui me disait de venir les récupérer à 11h. Quand je suis arrivée, il m’attendait au portail, il m’a dit que le plus petit était tombé donc je suis rentrée à l’intérieur pour vérifier l’état de mon fils. C’est là que le cauchemar a commencé. Je suis arrivée dans la chambre de mon fils, le père est entré derrière moi et a fermé la porte en disant « cette fois-ci c’est la fin ». J’ai vécu pendant 17 ans avec cette personne. Au bout de 17 ans, on sait un peu comment fonctionne la personne et je suis entrée dans son jeu. Au départ, il était très colérique, ce n’était plus l’homme que j’ai connu. Il était vraiment désespéré. Au fur et à mesure, j’ai senti qu’il y avait une faille. J’ai essayé de le rassurer en lui disant que ça va aller, que j’allais revenir, que c’était notre première épreuve. J’ai fait 52 minutes dans cette chambre, avec une personne qui voulait me tuer, qui m’a étranglée. J’ai eu le bras cassé et toute nue. Ensuite, j’étais assise sur le lit, il s’est posé sur mes jambes entrain de pleurer comme un bébé. Il ne voulait pas que je le quitte. J’ai tenté de le rassurer et il a finalement ouvert la porte. J’ai pris mes clefs, mes affaires, je lui ai proposé de fumer une cigarette. Quand il m’a dit qu’il n’en avait pas, je lui ai dit que j’en avais dans ma voiture et il m’a laissé partir. »
Delphine se rend directement à la gendarmerie la plus proche. Elle exige aux forces de l’ordre d’aller récupérer ses enfants sans plus attendre. Dans la foulée, elle est transportée aux urgences. C’est sur son lit d’hôpital qu’elle apprend l’horreur qu’a subie ses enfants, car juste après la séquestration, Cédric Philéas retrouve ses 2 fils et propose d’aller cueillir des letchis dans un champ à proximité. Mais arrivé sur place, les deux petits de 9 et 2 ans, se font poignarder par leur propre père. Par miracle, ils survivront.
« On a connu une période très compliquée, le pronostic vital de mes deux enfants était engagé. Quand on vous dit que la personne qui a tenté de vous tuer et tuer vos deux enfants est introuvable, forcément, on n’en dort pas. C’était compliqué pour mes deux enfants car leur propre père a voulu les tuer. Mon aîné m’a demandé un jour, "est-ce que toi aussi tu vas me tuer ?" Mon premier garçon ne voulait plus rentrer dans une voiture. La priorité c’était mes enfants. Moi sincèrement, je l’assume, qu’il vienne j’attendais que ça. Pour au moins que ça se termine. Je ne sais pas s’il est toujours en vie. Moi je veux un procès, qu’il soit mort, vivant, en cavale ou autre, je veux un jugement pour que mes enfants soient reconnus comme victimes. Jusqu’à présent, cette personne est présumée innocente. Je ne veux pas vivre en me disant que cette personne qui a voulu tuer mes enfants, qui a éventré mon fils et poignardé le thorax de mon bébé de 2 ans, ne soit pas jugée. Ça, c’est mon combat. »
Ce combat, Delphine compte le mener le temps qu’il faudra auprès de son avocat Me Frédéric Hoarau : « D’un point de vue pénal, l’enquête piétine car on ne retrouve pas l’auteur. Il y a aussi la situation des enfants, il faut profiter de cette procédure pour évaluer le préjudice des blessures de ses enfants, à la fois physique et psychologique. Il n’y a pas de raison pour ne pas avoir de procès, parce qu’aujourd’hui, il n’y a pas de preuve concernant le décès de l’auteur des faits. On peut juger en l’absence de l’auteur principal et c’est important pour que les victimes puissent profiter de cet instant, pour exprimer leurs souffrances et de soulager tout ça. »
Pour une quête de justice, de réparation pour elle et ses enfants. Delphine compte plus que tout sur ce procès avec, ou non, Cédric Philéas à la barre.