Un témoignage émouvant alors qu’aujourd’hui 11 mars est célébrée la journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme. Il a vécu l’horreur du terrorisme de près. David, policier Réunionnais est l’un des premiers à être intervenu au Bataclan le soir du 13 novembre 2015, l’un des pires attentats qu’ait connu la France. La mort partout, les blessés, une scène de guerre. L’odeur du sang, de la poudre. Aujourd’hui, de retour à La Réunion, David se confie.
“Psychologiquement on allait mourir. Donc j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé mon épouse pour lui dire au revoir. J’ai vu énormément de corps par terre. Je crois que c’est la première fois qu’on a enlevé nos signes distinctifs. Les brassards étaient cachés parce qu’on avait peur de se faire tirer dessus.
À un moment donné, on se pose à l’arrière du Bataclan et on tient cette position parce qu’on ne peut pas aller plus loin, on n’a pas l’équipement adéquat. Le temps s’arrête. Il y a deux personnes qui arrivent à la fenêtre et on est face à face. Je réalise que c’est deux terroristes. Ils nous ont juste dit “barrez vous, on va vous buter”. Sachant que la rue Pierre Amelot, c’est un couloir. Avec une kalachnikov, j’ai beau me cacher, c’est compliqué.
Je me revois pousser ces portes battantes et on n’est pas du tout préparé à ce genre de vision. Je me souviens, sur la gauche c’est un grand bar en arrondi. Tous les clients qui étaient assis sur les chaises sont tombés.
Et ensuite on est rentrés dans ce qu’on appelait la fosse et là… je ne vais même pas pouvoir vous le décrire tellement c’était horrible. C’était des corps entassés les uns sur les autres. Il y avait un silence total, les téléphones ne faisaient que sonner. C’était très dur. Et le plus dur c’est que des gens nous faisaient signe de venir les récupérer pour les sortir, les secourir. Sauf qu’il y a tout un protocole et on ne peut pas déplacer les victimes comme ça.
Il y avait énormément de sang partout. Une odeur… je ne peux pas m’en débarrasser aujourd’hui. J’ai toujours cette hantise de l’odeur du sang. Quand je bricole et que je me blesse, tout de suite les souvenirs remontent, l’odeur du sang. On ne se remet pas de ça en fait, on vit avec. C’est marqué.
Après le Bataclan il m’a fallu plusieurs mois pour pouvoir, ne ce serait-ce que d’aller au supermarché et me dire “là il y a énormément de gens vivants et moi j’en ai vu autant morts d’un coup”.