Sandra Sinimalé et Thierry Vaïtilingom se retrouvent ce jeudi devant la cour d’appel. Condamnés en première instance par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre pour "détournement de fonds et recel", Sandra Sinimalé et Thierry Vaïtilingom avaient interjeté appel. Les réquisitions sont tombées, ils encourent tous deux plusieurs mois de prison avec sursis ainsi que 5 ans d’inéligibilité.
Avant d’entrer les débats, Sandra Sinimalé patiente dans la salle d’audience. Un avocat de la défense s’adresse à elle. "Prenez le temps de respirer", lâche-t-il en guise de conseil.
Condamnés en première instance, les deux prévenus ont précisé, ce matin, avoir faire appel pour prouver leur innocence. La justice reproche à Thierry Vaïtilingom, ancien président du Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale de la Réunion (CDG), d’avoir, entre 2014 et 2016, créé trois emplois fictifs dont un de directrice de cabinet pour Sandra Sinimale.
Le premier concerne une assistante de direction, engagée dans le cadre d’un contrat aidé. Cette dernière affirme avoir reçu la consigne de rester discrète sur sa fonction, ce que dément à la barre prévenu, affirmant qu’elle avait menti. Le second emploi concerne celui d’un directeur de cabinet qui d’après l’instruction faite par le président de la Cour d’appel, serait incapable d’utiliser un ordinateur.
À nouveau, le prévenu affirme qu’il avait besoin de lui pour son réseau politique. En 2015, durant dix mois, il sera remplacé par Sandra Sinimalé qui sera rémunérée à hauteur de 6700€ bruts contre 2500€ pour son prédécesseur.
Toujours en faisant la lecture des témoignages des employés de la CDG, le président rapporte que personne ne la voyait ni n’était au courant de son rôle. De son côté la défense évoque une instruction à charge, notamment du fait que les employés interrogés sont ceux travaillant sur une autre site que celui de Sandra Sinimalé.
À cette époque, la fille de l’ancien maire de Saint-Paul, exerçait en tant que conseillère départementale et conseillère municipale. Pour justifier son embauche, Thierry Vaïtilingom évoque des difficultés politiques, suite au désengagement de plusieurs maires au CDG et une perte de recettes.
"En 2015, suite à la fronde des maires, les recettes n’étaient plus qu’à 4,8 millions. Avec Sandra Sinimalé, elles auraient augmentées pour passer à 6,5 millions", souligne le prévenu. À l’audience, Sandra Sinimalé précise avoir des missions politiques et non administratives. Son rôle était de créer un dialogue avec les maires pour qu’ils puissent s’affilier à la CDG.
La cour s’est interrogé sur le manque de rapports écrits. Les deux prévenus se sont défendus, expliquant avoir comme mode de fonctionnement "l’oralité".
"Vous imaginez si la CIA fonctionnait de manière orale", avance le président qui s’interroge aussi sur l’absence d’agenda de la prévenue ou sur le fait qu’elle n’ait jamais utilisé sa boîte mail ou son téléphone de fonction. Pour Sandra Sinimalé, l’absence de trace écrite était justifiée pour respecter les échanges confidentiels avec les maires.
Pour la non utilisation de son téléphone ou de son adresse mail, la prévenue affirme en avoir d’autres et donc ne pas en avoir besoin. "Je suis venu ici pour dire la vérité. On fonctionnait comme ça avec Sandra Sinimalé. Face à une problématique lourde", se défend Thierry Vaïtilingom.
Pour Me Alain Rapady, l’avocat de la partie civile, les prévenus ont été attirés par "l’appât du gain". "Sandra Sinimalé a inventé la dématérialisation de la fonction publique. La connexion de son ordinateur à la CDG n’a même jamais été activé", plaide le conseil.
De son côté, l’avocat général ne croit pas en la version des prévenus. "Les personnes étaient engagés en fontion de leurs relations personnelles. Soit, elles occupaient des fonctions fictives, soit elle n’avaient pas les compétences nécéssaires", précise le réprésentant du parquet. Considérant que la délinquance en col blanc comme "un préjudice 100 fois plus grave que des délits comme des vols", il requiert 18 mois de sursis, une amende de 40 000 € et 5 ans d’inéligibilité à l’encontre de Thierry Vaïtilingom. Pour Sandra Sinimalé, il demande 12 mois de sursis, une amende de 30 000 € et 5 ans d’inéligibilité à l’encontre de Sandra Sinimalé.
Pour la défense, le travail a bien été accompli. "Elle apporte la preuve qu’elle a travaillé. La preuve évidente du résultat", avance Me Marc Benhison, l’avocat parisien de Thierry Vaïtilingom. Ses avocats ont décrit un "homme d’honneur et intègre" qui n’avait aucune intention frauduleuse. "Techniquement parlant, on n’est pas dans l’emploi fictif. L’emploi n’a certes, peut-être pas été réalisé comme il le fallait", ajoute la robe noire.
La défense a demandé un supplément d’informations et considère que l’enquête a été menée à charge. "C’est une enquête à charge, partielle et partiale pour arriver à la condamnation de quelqu’un, souligne Me Jean-Jacques Morel, l’un des conseils de Sandra Sinimalé. Ce n’est pas parce qu’elle s’appelle Sandra Sinimalé qu’elle a plus de droits. Ce n’est pas parce qu’elle s’appelle Sandra Sinimalé, qu’elle a moins de droits".
La décision sera rendue le 2 décembre prochain.
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