Le 26 décembre 2016, Mariame Isshabhay décédait à son domicile. De nombreux hématomes sur son corps laissaient à penser qu’elle aurait reçu de nombreux coups. Les soupçons se sont tournés vers Sabeira Issabhay et Sofia Issabhay, ses deux sœurs. Durant trois jours à partir de ce lundi, elles seront jugées devant la cour d’assises pour des coups mortels. Les deux sœurs avaient dans le passé veillé durant 23 ans sur le corps de leur tante momifiée.
Le bâtonnier Georges-André Hoarau, avocat de Sofia Issabhay est connu pour son sens de la formule. La robe noire voit une corrélation entre l’histoire de la momie dont un chapitre est consacré dans le livre Crimes de sang à La Réunion de Peggy Loup Garbal et le procès qui s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises. Il évoque un "fonctionnement familial et "un dévouement absolu et une abnégation totale durant 28 ans." " Ma cliente n’a jamais vu l’extérieur de la maison, à part aller au pont ou des rendez-vous médicaux. Elle n’a jamais eu d’amis ni de relations amoureuses ou intimes. C’est une femme totalement effacée", précise le conseil qui n’ "exclut pas de plaider l’acquittement". "Certes, des coups ont été portés. Mais aucun, même l’ensemble de ces coups n’ont entraîné la mort".
Dans cet immeuble couleur ocre à Saint-Benoît, la famille Isshabay - du moins les femmes - vivent renfermées sur elles-mêmes. Sofia Isshabay âgée de 65 ans aujourd’hui et Sabeira Isshabay , 68 ans, ont dormi dans la même chambre que leur tante morte en 1981. Sous l’influence d’un mystique indien, leur promettant la résurrection, elles ont veillé sur le corps à l’état de momie.
Dans ce même domicile famillial, le 26 décembre 2016, le décès de leur sœur Mariane Isshabay, malade et en proie à des crises depuis plusieurs semaines, un certificat de décès avec obstacle médico-légal. L’autopsie a permis d’établir que le décès était lié à l’association d’une hypovolémie découlant d’une diminution du volume sanguin suite à des lésions hémorragiques anciennes ainsi qu’un hématome sous dural de moins de 24 heures. De nombreux hématomes et des fractures non consolidées seront constatés lors de l’examen de corps. Des blessures de défense avaient aussi été relevées.
Mariane Issabhay avait rejoint la demeure familialle après son divorce. Décrite comme dépressive, elle avait selon ses proches des crises où elle pouvait se montrer violente envers elle-même. Le jour du décès, Mariane Isshabay s’était rendue dans la salle de bains où d’après les accusées, elle se serait cognée la tête. De retour dans sa chambre, elle s’était à nouveau uriné dessus. Refusant de retourner se laver, les sœurs fatiguées l’avaient laissée dans sa chambre. À 17 heures, Sofia Isshabay ne parvient pas à réveiller sa sœur et contacte le Samu.
Les deux sœurs auront durant l’enquête reconnu avoir donné des coups toutes les deux et être à bout psychologiquement.
Les deux accusées comparaîtront libres à leur procès qui se tiendra sur 3 jours. Elles encourent 15 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu mercredi. Sabeira Isshabay sera défendue par le bâtonnier de Saint-Pierre, Norman Omarjee.
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