Ce jeudi 27 octobre s’ouvre à la cour d’Assise le procès en appel de l’affaire Perreira. Le 20 juin 2016 à 11h45 dans le centre de Saint-Denis, il tente d’assassiner sa femme à la hache. Un premier jugement est rendu le 11 octobre 2018 où il écope de 25 ans de prison. L’accusé fait appel dans l’espoir de voir sa peine réduite. Retour sur la première journée d’audience.
Monsieur Perreira, un gramoune de 80 ans, Sri Lankais, suit très attentivement toute l’audience. Il affiche de temps en temps un sourire aux lèvres, se tient appuyé contre la vitre et regarde fixement chaque personne à la barre. Il prend même des notes de son propre procès.
Il est entendu à 16h00. Il dit ne plus se souvenir des coups de hache portés à son ex-femme ou juste “j’ai perdu le contrôle”. Pourtant pendant tout son temps de parole, l’accusé ne cesse d’évoquer des souvenirs très précis d’instants de vie avec son ex.
Le couple mène une vie agréable d’abord au Nigeria puis au Soudan où Madame enseigne et lui est professeur à l’université. Elle a déjà un enfant issu d’un premier mariage, Mathieu. Deux ans après, William, naît de leur union. Pendant huit ans, il n’y a pas de violences dans leur relation mais lui ne supporte plus Mathieu à la naissance de leur fils. Cela crée quelques tensions, au point que l’aîné va être envoyé un an chez sa grand-mère à Marseille. “Je voulais lui montrer que j’aimais autant mes deux enfants”, relate la victime. Cela ne suffit pas à l’accusé.
“Puis un jour, l’année de mes six ans mon père disparaît pendant la nuit et je n’ai plus de nouvelles jusqu’à mes dix ans”, témoigne William à la barre. Alors la victime demande le divorce. Séparation jamais acceptée par l’accusé. Il propose même à son ex-femme de suivre une thérapie familiale 30 ans après leur rupture en 1996.
La situation dégénère lorsque l’accusé déménage à La Réunion. Le gramoune l’agresse son ex-conjointe à trois reprises. Une première fois en 2001 en lui lançant du piment sur les yeux en plus de l’asperger de gaz lacrymogène sur son lieu de travail. Une seconde en 2008, encore avec du gaz lacrymogène. Il est également armé d’un revolver, il tire avec sans l’atteindre, et la tape avec le pistolet. La troisième ce sera en 2016 à la hache. Cette dernière est achetée “en brocante” précise Monsieur Perreira au tribunal.
“Il me voue une haine incommensurable. Je suis la cause de tous ses maux”, évoque mouchoir à la main la victime. A la barre, elle va mimer l’attaque à l’arme blanche.
Un expert entendu soulève “un stress post traumatique et des troubles du sommeil encore présents.” L’accusé reproche à son ancienne conjointe d’avoir tout fait pour rompre le lien entre son fils et lui. “Faux, rétorque William, ma mère a tout fait pour que je maintienne un lien avec mon père. De mes 13 à 17 ans, j’allais en vacances chez lui en Angleterre.”
Pendant toute cette première journée, on ressent une sorte de blocage trente ans en arrière. “A chaque fois que je voyais mon père, il revenait sur la rupture comme si dans sa tête elle s’était déroulée la veille.”
Cette deuxième journée d’audience, ce vendredi 27 octobre, débute par la suite de l’audition de Monsieur Perreira. Ensuite, place aux rapports des experts. Le verdict est attendu lundi matin