Une patiente, immobilisée du bas du corps après un AVC, accuse un aide-soignant de lui avoir fait un massage de la poitrine sans son consentement. Il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Champ Fleuri ce mardi 3 décembre 2024.
Le service est terminé pour cet aide-soignant, le 22 décembre 2023. Mais il fait un dernier détour par la chambre d’une patiente, qui n’est pas dans son service. Après un AVC quelques semaines auparavant, le bas de son corps est immobilisé. Son mari se trouve dans la chambre. L’aide-soignant de 43 ans lui demande de partir, car c’est la fin des horaires de visites. Il avait néanmoins l’habitude de rester plus longtemps auprès de son épouse, avec l’accord du médecin.
Après le départ du mari, l’aide-soignant effectue un massage sur la patiente. Elle lui avait demandé de s’occuper de ses mains et de ses jambes, qu’elle ne peut pas atteindre. Il commence par la poitrine.
Le lendemain, la patiente, perturbée par ce qu’il s’est passé, appelle sa fille, elle-même aide-soignante, et lui décrit la scène. Sa fille lui conseille d’alerter le personnel de l’hôpital. Lorsqu’une aide-soignante et une infirmière lui rendent visite ce matin-là, la victime présumée explique le massage circulaire de la poitrine effectué la veille par l’homme. Les deux professionnelles de santé estiment les gestes anormaux, font remonter l’information à la direction de l’hôpital et la patiente porte plainte.
Il se place en victime
L’aide-soignant était jugé ce mardi 3 décembre. À la barre, le prévenu nie tout geste déplacé et se place lui-même comme victime des événements. Il affirme avoir uniquement massé “les plis mammaires” pour hydrater la peau. “Je n’ai pas prévenu que j’allais mettre de l’huile sous les seins”, concède-t-il. Un geste sans aucune intention sexuelle selon lui.
L’air accablé et la voix faible, il explique qu’il a dû arrêter son travail d’aide-soignant qu’il faisait “par dévotion et empathie”. Il travaille toujours au CHOR en tant qu’agent de liaison. “Avoir ça qui m’est tombé dessus, ça m’a anéanti”, se plaint-il.
Le psychiatre qui a examiné la patiente ne relève aucun signe de mythomanie ni de trouble de la personnalité. Les collègues de l’aide-soignant signalent qu’il les met souvent mal à l’aise : “il est un peu malaisant, collant et porté sur le sexe”, déclare l’une d’elles. Il a cependant de bonnes évaluations professionnelles, pas d’autres incidents signalés et un casier judiciaire vierge.
La procureure demande une peine de 6 mois de prison avec sursis, une obligation de soin, une interdiction d’exercer le métier d’aide-soignant et son inscription au FIGAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). Le jugement est mis en délibéré au 17 décembre.
Philippine Kauffmann