Casanova Agamemnon a foulé le tarmac de l’aéroport Roland Garros hier, après 25 ans d’absence. L’occasion pour nous de revenir sur l’histoire du plus ancien détenu de France.
Si son patronyme rappel celui d’un héros grec, la comparaison s’arrête là. Mais tel un guerrier, Casanova Agamemnon croupi dans les geôles Française depuis 1969.
De retour ce mardi 25 mars à La Réunion, l’homme détient le triste record du plus ancien détenu de France. Il cumule ainsi 44 années de détention, purgées pour la majeure partie en métropole.
Le criminel est mis sous écrous alors qu’il est âgé de seulement de 19 ans. Age qui ne sacre pas la majorité en1969 puis qu’elle est fixée à 21 ans. Dans un contexte colonial le jeune garçon poignarde mortellement son patron blanc, alors qu’il est apprenti-cuisinier dans un restaurant dionysien. Son procès aux assises se solde par une condamnation de réclusion criminelle à perpétuité, en 1970. Trois années plus tard, il est transféré dans l’hexagone, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 1985.
L’ancien prisonnier regagne sa Réunion natale. Il y tuera son frère de deux balles dans la tête suite à une dispute concernant la construction de la maison dans laquelle il souhaite s’établir. Sa cavale commence sur l’île, période durant laquelle il deviendra l’ennemie public numéro 1.
Dès lors, une véritable traque s’organise. Daniel Thirel, alors en charge de l’enquête, nous raconte : "le groupe d’intervention allait fouiller toutes les vieilles maisons de Saint-Benoit, Saint-André et même Saint-Denis". La police mettra finalement la main sur le fugitif trois mois plus tard à Saint-Benoit : "un jour on a appris qu’un monsieur achetait des aliments en quantité plus importante qu’avant, on a donc pensé qu’il logeait quelqu’un chez lui". Après une planque de quelques jours, Agamemnon est interpellé devant le logement de l’individu, nous apprend l’enquêteur retraité.
Il écope d’une nouvelle condamnation à dix ans de prison qui réanime la perpétuité. Ecroué au centre de détention de Val-de-Reuil (Eure), le détenu ne reçoit qu’une seule visite par an, celle de Jean-Charles Najède, " j’y allais jusqu’à récemment, il a même pu obtenir un parloir exceptionnel pour ma femme qui est très malade", raconte cet ami d’enfance.
Ce dernier l’attendait ce mardi matin, à La Réunion où, après 25 ans de détention en métropole, le Bénédictin vient d’être transféré.