Ce mardi 20 septembre, un homme âgé de 28 ans comparaît pour des agressions sexuelles sur sa nièce, Marie, âgée de cinq ans dont il a eu la charge pendant dix mois. Sa compagne a déjà été condamnée pour des violences sur la petite fille. Aujourd’hui Marie, se reconstruit en famille d’accueil.
"Il a mis son zizi dans mon cul ça ne sentait pas bon. Tatie faisait semblant de dormir. Tonton met mes mains devant sur son sexe. Il met ses mains là où on fait pipi et caca. Il met son zizi derrière mes fesses. Mais ça n’est pas rentré. Il m’a mis nue dans le salon, touché le sexe beaucoup beaucoup. Il met aussi la crème de son zizi. C’est chaud mélangé et blanc et sort du zizi et sent pas bon." C’est avec ces mots glaçants que s’ouvre l’audience ce mardi soir. La juge rappelle les faits dont est accusé Pierre, 28 ans, l’oncle de la petite Marie. La petite a été confiée pendant dix mois à ce membre de sa famille, sa mère est à Mayotte et ne peut pas l’élever.
Auparavant, elle a grandi dans une famille d’accueil liée à l’Aide sociale à l’enfance (Ase). Son oncle et sa tante par alliance ont tout fait pour obtenir la garde la petite fille pour qu’elle puisse grandir avec ses proches avec leurs quatre enfants. C’est sa famille de l’Ase qui a donné l’alerte : "Quand Marie est revenue chez nous, son comportement a changé. Elle était plus craintive, demandait plus d’attention et un soir elle a commencé à parler sur ses mois passés dans sa famille. Je n’en revenais pas. Je n’en ai pas dormi de la nuit et le lendemain j’ai prévenu les services de l’Aide sociale à l’enfance."
Une fois entendue par ces services, elle livre le même récit terrifiant à la police. Elle explique même avoir été filmée par sa tante pendant les actes de Pierre.
Le jeune homme au visage encore enfantin s’avance à la barre. Il n’évoque aucun remord et avoue "être choqué, secoué… Je n’arrive pas à comprendre. J’ai tout fait pour que l’enfant soit bien chez nous."
L’avocate de la petite fille plaide en premier avec ces mots : "Je parle de Marie, lui dit l’enfant. Cette petite chose, cette distance que met monsieur avec Marie, ça me fait m’interroger. Il mène un combat acharné apparemment pour donner de meilleures conditions de vie à sa nièce mais ne cesse de dire l’enfant. Cela me laisse songeur. On plonge dans l’ignoble et le sordide."
La salle est suspendue aux lèvres de Pierre encore à la barre pour comprendre ce qui a bien pu se passer. Pourquoi ce couple après avoir œuvré pour récupérer la garde de leur nièce s’est acharné sur elle ?
Son avocate plaide "un début de vie difficile pour Marie. Elle a été ballottée de familles en familles depuis sa naissance et connaît le sentiment d’abandon. Elle continue sa plaidoirie, avec le fait que, le jeune couple s’investit pour demander la garde cela prend des mois de procédure judiciaire. L’expertise du médecin légiste ne montre aucune violence sur l’enfant et donc il est possible de mettre en doute la parole de la petite."
La procureure quant à elle demande au tribunal de condamner le jeune homme "à une peine qui tient en compte de l’extrême gravité des faits reprochés. Elle requiert quatre ans de prison dont deux fermes."
L’audience est suspendue. Le jeune homme nie et à l’air de tenter de comprendre pourquoi il se retrouve dans cette salle aujourd’hui.
Après délibération, il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il écope de trois ans de prison dont un an avec port d’un bracelet électronique et deux ans avec sursis probatoire, une obligation de soins et il doit indemniser la partie civile, sa nièce Marie, avec l’interdiction de paraître chez elle.
La petite fille de cinq ans continue pendant ce temps de vivre au sein de sa famille d’accueil. La reconstruction de cette enfant sera longue, les experts parlent d’une enfant "traumatisée, en dépression avec des troubles de l’anxiété."
Carla Bucero Lanzi