Ce mercredi, le troisième et dernier jour du procès d’Elianna s’ouvre à la Cour d’Assise de Saint-Denis. Les avocats de la partie civile, représentant les différents membres de la famille d’Elianna, vont plaidoyer. Les réquisitions sont de 20 ans de réclusion criminelle pour Cédric B., le ti-père et l’acquittement pour Pascaline G., la mère de l’enfant.
C’est l’avocat de la tante d’Elianna qui ouvre le bal. Dans sa plaidoirie, Maître Georges André Hoarau commence ainsi "Je défends la mémoire d’une petite fille... d’une héroïne."
Dans son discours, il évoque le délit de "sale gueule" fait à l’encontre de Cédric.B : "Il a un passé violent, c’est un grand bonhomme, musclé... bref, c’est le suspect idéal. Et moi, je n’aime pas les suspects idéals".
Selon lui, les carences en matière d’éducation d’enfant de Pascaline, est l’une des raisons du drame qui s’est joué le 28 mars 2018.
"Elles avaient une relation fusionnelle. C’était sa fille, sa poupée. Quand elle a appris que ses enfants (Elianna et son jeune frère) devaient être placés, elle a voulu casser son jouet pour que personne ne l’ait".
De plus, Maître Hoareau insiste sur un élément, qui selon lui, est déterminant : la relation sexuelle survenue entre Cédric et Pascaline. "Vous aimez juste le sexe, plus que le reste ?" insiste alors le bâtonnier.
Maître Vanessa Bertholier-Lemagnen prend alors la parole. Elle représente les deux autres enfants de Pascaline. Elle aborde le cas de l’aînée de la fratrie et son placement très jeune, Mathilde.
"Cette petite fille de 11 ans veut la vérité dans ce procès." commence l’avocate. Elle parle ensuite des deux prévenus, et du fait qu’ils se renvoient la balle dans cette affaire.
Pourtant, le coup donné à Elianna n’est que très peu évoqué par les accusés. "C’est le procès du silence. Dans cette famille, tout se fait dans le silence. Aujourd’hui, le petit frère d’Elianna va devoir vivre avec ce drame".
Maitre Moutoucomorapoule (qui représente un oncle d’Elianna), présente un discours similaire à sa consoeur.
"Tout n’a pas été dit dans ce dossier". Elle évoque les nombreuses tergiversations au cours de ce procès, mais jamais les accusés n’ont abordé un possible coup sur Elianna. "Ils ne disent pas ce qu’il s’est passé. [...] En l’espace de 30 minutes, la vie d’une petite fille s’est arrêtée."
Maître Vardin conclut les plaidoiries de la partie civile. Il revient sur les propos de Pascaline dans la presse , "Je n’ai pas pu protéger mes enfants". "De qui se fout-on ?!" répond l’avocat à cette citation, "Madame a fait entrer le loup dans la bergerie".
Mis à part l’accusation des prévenus, Maître Vardin évoque aussi le rôle des différents acteurs. "On savait que les enfants devaient être placés. Les services sociaux, la justice... tout le monde le savait. Et pourtant, une innocente est morte."
Enfin, c’est à l’avocat général de prendre la parole. "Beaucoup de douleur et de souffrance dans ce dossier".
Puis, il revient progressivement sur le déroulé du 28 mars.
Si certains avocats pointent la culpabilité de Pascaline, l’avocat général pense le contraire. Selon lui, elle n’avait pas un mobile assez crédible pour le passage à l’acte.
Aussi, au vu du rapport du médecin légiste et les circonstances du décès, c’est impossible que Pascaline porte le coup à sa fille. "Juste avant, elle était avec le vendeur de meuble.. et après, selon les dires de Cédric, ils seraient restés ensemble tous les deux jusqu’au drame."
Pour le ti père en revanche, il pointe du doigt des incohérences dans son discours . "Est-il capable de frapper une petite fille ? Oui, il l’a déjà fait par le passé, sans raison valable".
"On ne saura jamais ce qu’il s’est réellement passé" continue l’avocat général.
Pour lui, la scène s’est déroulée ainsi : la frustration, la colère de Cédric s’est retourné contre la seule personne présente avec lui, après le refus de Pascaline d’une relation sexuelle.
"Il a dû s’énerver contre la petite, qui elle, s’inquiétait de ne pas voir sa maman. Il a fait un geste fou, il a shooté".
C’est ainsi que l’avocat général requiert 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Cédric, un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans, et l’acquittement de Pascaline.
Affaire Élianna : 3e jour du procès, le verdict attendu aujourd’hui