Ce matin, au procès des deux sœurs Issabhay, les fils de la victime se sont exprimés. Un autre visage des accusées est apparu à la cour. Sous l’influence d’un gourou indien, elles ont lapidé la fortune familiale pour exorciser les membres de leur famille, jusqu’à être prêtes à rouer de coups Mariame Issabhay, décédé le 26 décembre 2016. En fin de journée, une soeur a avoué avoir exagéré son implication pour dédouaner sa soeur, Sabeira.
Mariame Issabhay était malade. Le médecin légiste, entendu ce 7 septembre au matin, par la cour d’assises énumère les différents troubles. Au moment de son décès, le 26 décembre 2016, elle souffre de troubles psychologiques, d’anxiété, de diabète, d’hypercholestérolémie et de troubles digestifs. Elle était suivie pour des diarrhées chroniques et suivait un traitement hormonal, après l’ablation de la thyroïde.
L’autopsie révélera une multitude de coups dont d’importants hématomes jusqu’à 30 cm sur 30 cm. Pour expliquer cette taille impressionnante, le médecin légiste précise à la cour d’assises que "le traumatisme répété dû à la multiplicité des coups" est responsable de cette taille. Le médecin énumère un nombre impressionnant de blessures, au visage, sur le thorax, sur les seins, au bassin ... et parle "d’un catalogue de blessures".
Le jour de son décès, les deux sœurs reconnaissent, suite à une nouvelle crise de démence après un bain, avoir donné des coups. L’autopsie a permis d’établir que le décès était lié à l’association d’une hypovolémie découlant d’une diminution du volume sanguin suite à des lésions hémorragiques anciennes ainsi qu’un hématome sous dural de moins de 24 heures.
Le médecin traitant de la victime a aussi été interrogé ce matin. Il explique avoir retrouvé un corps méconnaissable en venant dans l’immeuble couleur jaune situé, au 38 rue Alexis De Villeneuve. La présidente lui demande son avis sur cette affaire. N’ayant jamais suspecté quoi que ce soit chez sa patiente, il confie à voix basse, se demander si les deux sœurs n’avaient pas voulu "exorciser leur sœur" "faire sortir le diable".
Les deux fils de la victime ont ensuite témoigné à la barre. Ils ont décrit une autre face des accusées, loin de celles de deux petites femmes ayant sacrifié leur vie pour leurs proches, comme laisser penser les débats, à l’issue du premier jour du procès. Sofia Issabhay est décrite comme une femme autoritaire qui s’occupe du ménage et "du coté religieux".
Sabeira, elle gère, le commerce et l’administratif. "Quand je voyais ma mère à Saint-Benoît, les deux sœurs répondaient toujours à sa place. Il fallait toujours s’annoncer et ne jamais venir à l’improviste", précise l’ainé qui habite Saint-Joseph. Après son divorce, Mariame Issabhay, avait fini par rejoindre ses deux sœurs à Saint-Benoît.
Dans le même immeuble où les deux accusées, sous l’influence d’un gourou indien, avaient veillé durant 23 ans sur le corps de leur tante devenue une momie et espérant sa résurrection. "J’ai eu l’occasion de voir ce gourou. C’est la plus grande arnaque que je n’ai jamais vu de ma vie. C’étaient des gens très aisés, mais qui ont fini ruiner. Je suis allé en Inde et j’ai compris. Ils ont construit un village autour d’une tombe qu’ils vénèrent avec l’argent de la famille", précise le témoin qui qualifie l’immeuble bénédictin d’un véritable château fort.
Son frère aura un discours semblable. " Forcément, elles ont été influencées. Toute leur vie est chamboulée par rapport à cela. Croire que leur sœur est ensorcelée ne m’étonne pas venant d’elles. Elles vivent dans un monde à part. Elles sont renfermées sur elles-mêmes". Les deux fils n’ont pas voulu se constituer partie civile, préférant en finir au plus vite possible pour tout oublier. "Rien ne ramènera maman", déclarent-ils, l’un après l’autre.
Les deux accusées prendront la parole cet après-midi. Sofia Issbhay a reconnu avoir donné des coups de poing et des gifles. Quant à sa soeur, Sabeira Issabhay, elle a reconnu avoir exagéré dans ses déclarations pour protéger sa soeur.
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