Antenne Réunion
Une jeune femme victime de violence conjugale nie toute violence lors du procès de son compagnon, déjà condamné pour des faits similaires. Sa mère estime qu’elle est sous emprise et en danger.
“On a des victimes qui ne viennent pas, d’autres qui minimisent, mais c’est assez rare qu’elles viennent pour nier”, fait remarquer la procureure Véronique Denizot. Dans la salle du tribunal de champ fleuri, la victime l’écoute en secouant la tête. Son compagnon est jugé pour violences envers elle, menaces de mort, destruction d’un bien et vol.
L’homme de 30 ans est sorti de détention depuis peu. Il purgeait une peine pour violence envers la jeune femme. Le couple a trois filles. Le dimanche 2 mars, il se rend chez la mère de sa campagne, à Saint-Paul, où elle se trouve avec leurs enfants. Il prétexte venir les chercher et se montre virulent dès son arrivée, selon la mère de la jeune femme et son ti père. Ils expliquent que l’homme étrangle sa compagne, la griffe puis la menace avec un galet. Il menace de mort les personnes présentes et ses enfants, qui n’assistent pas à la scène.
L’homme s’empare ensuite du téléphone de la victime et le détruit à coups de pierre. La mère et le ti père de la jeune femme parvienne à faire fuir l’homme en le menaçant avec un sabre. Il s’enfuit avec le portable.
Elle retire sa plainte
Le lendemain, la jeune femme porte plainte et est examinée par un médecin. Des photos de ses blessures sont prises et elle se voit prescrire trois jours d’ITT (incapacité totale de travail). Elle explique qu’il est régulièrement violent avec elle, depuis 2017 et sa première grossesse. Deux jours plus tard, sa mère se rend à la gendarmerie pour porter plainte elle aussi. Elle dénonce les menaces de mort dont elle a été victime. Son compagnon et elle décrivent une scène similaire.
Mais le lendemain, la victime décide de retirer sa plainte et revient sur sa déclaration. “J’ai menti, il n’a jamais été violent”, affirme-t-elle. Elle raconte que sa mère l’a manipulée pour qu’elle dénonce des violences, car elle ne voulait pas qu’elle se remette avec l’homme à sa sortie de prison. De son côté, la mère considère que sa fille est en danger et sous emprise.
Le témoignage de la victime remis en question
Lors de son procès, l’homme reconnaît uniquement la destruction et le vol du téléphone, mais nie toute violence. Sa compagne se présente à la barre, les larmes aux yeux, et assure également qu’il ne l’a pas frappé ni menacé. “Les enfants ont besoin d’un père”, plaide-t-elle. Elle jure que les blessures relevées par les médecins ne sont que des griffures qu’elle s’est fait elle-même.
“Je suis désolée Madame, mais je ne vous crois pas”, lui répond la procureure. Elle indique qu’elle va saisir le juge des enfants pour vérifier que les filles du couple ne sont pas, elles aussi, victimes de violences directes ou indirectes. “Je vous demande de considérer que ses premières déclarations sont l’expression de la vérité. La suite, c’est la pression, ce sont des menaces”, indique-t-elle au tribunal.
Pour l’avocate de la défense, au contraire, “il n’y a aucun élément objectif dans ce dossier”. Elle décrit une “mère toxique qui fait pression sur sa fille” pour “se préserver” après avoir menacé l’homme avec un sabre. La robe noire plaide la relaxe pour les faits de violences, mais ne sera pas entendue par le tribunal qui condamne le prévenu à deux ans de prison, dont un avec sursis. La présidente explique que les déclarations de la victime à l’audience n’ont “pas convaincu le tribunal”.
P. K.