Focus sur le trafic d’Artane dans notre île suite à l’arrestation d’une jeune femme pour avoir transporté illégalement 16 000 cachets de ce médicament jusqu’à La Réunion.
Depuis quelques années, le trafic d’Artane et la consommation à La Réunion de ce médicament comme une drogue est en hausse.
Un constat fait par le docteur David Mété, chef du service d’addictologie au CHU de La Réunion : "Le phénomène de consommation d’Artane, après avoir diminué pendant quelques temps, est parti à la hausse depuis quelques années. C’est une augmentation de plus de 64% de délivrance d’Artane dans les pharmacies de La Réunion."
Importation d’Artane
Vendredi, une jeune femme a été interpellée alors qu’elle tentait de faire entrer dans le territoire 16 000 doses de ce médicament utilisé comme une drogue par certains. Il s’agit de la plus grosse saisies de ces dernières années.
En 2011, 32 000 cachets ont été saisis. Cela a impacté le trafic avec une baisse des cachets interceptés l’année suivante : 5 461. En 2013, ça repart à la hausse avec 11 200 cachets saisis et 12 000 l’année suivante.
La jeune femme arrêtée vendredi n’est pas la seule à avoir tenté de faire entrer un très grand nombre de cachets d’Artane en un seul voyage. En 2010, une adolescente de 15 ans en provenance de Tananarive avait 15 000 cachets d’Artane dans sa valise. Elle a été interceptée.
Trafic dans l’île
Une grande partie des médicaments consommés en dehors de l’usage recommandé provient des pharmacies de l’île.
Le cachet se vend entre 5 et 10 euros dans la rues. La boîte de médicaments coûte 3 euros dans la pharmacie (quelques centimes la dose) et est souvent remboursée par la sécurité sociale.
Qu’est-ce que l’Artane ?
Le Trihexyphénidyle est utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson et des syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques.
Ce médicament peut provoquer un glaucome aigu chez les personnes prédisposées : œil rouge, dur et douloureux, avec vision floue. Il peut être responsable de troubles visuels et d’une sensibilité anormale à la lumière.
Pourquoi l’Artane comme drogue ?
Selon le docteur David Mete, Chef du service d’Addictologie au CHU de La Réunion : "Les consommateurs d’Artane : c’est un profil de sujets jeunes, entre 20 et 35 ans en moyenne. C’est un sujet de sexe masculin dans la majorité des cas, c’est un sujet qui est désinséré, qui ne travaille pas dans la majorité des cas, qui est issu d’un quartier difficile."
Dans le texte "Usage détourné du trihexyphénidyle", étude faite par le service d’Addictologie et de médecine générale du CHU Félix Guyon à Saint-Denis, les médecins détaillent les effets voulus et les conséquences de la consommation de ces cachets dans un usage détourné.
"Cette molécule peut favoriser le passage à l’acte violent. en particulier associée il d’autres substances psychoactives comme l’alcool, les benzodiazépines et le cannabis.
Les effets recherchés sont principalement de l’euphorie et d’un effet psychostimulant qui donne au sujet un sentiment de toute-puissance, accompagnés parfois d’une désinhibition favorisant le passage à l’acte.
Les usagers font état de similitudes avec les amphétamines, l’ecstasy, voire même le crack ; ils absorbent en moyenne un demi à quatre comprimés de 5 mg afin d’obtenir l’effet recherché.
Le THP est parfois considéré comme ’l’ecstasy du pauvre’."