Suite et fin ce vendredi du procès de l’ex caporal-chef Patrice Nirlo. La cour d’assises de Saint-Denis rendra aujourd’hui son verdict. L’ancien pompier a reconnu avoir allumé une vingtaine d’incendies, entre 2008 et 2013. Il est jugé pour cinq incendies volontaire dont deux qui ont ravagé le Maïdo en 2010 et 2011.
Un pompier incendiaire et pas pyromane
C’est aujourd’hui que Patrice Nirlo sera fixé sur son sort. Ce vendredi marque le troisième et dernier jour du procès qui s’est ouvert mercredi aux assises de Saint-Denis.
Place aujourd’hui aux plaidoiries. Le verdict est attendu dans la soirée.
Hier matin, Patrice Nirlo a écouté les parties civiles appelées à la barre.Les représentants de l’ONF (Office National des Forêts) et du Parc National de La Réunion ont pris la parole pour décrire l’ampleur des dégâts provoqués par les incendies du Maïdo en 2010 et 2011.
Dans l’après-midi, les jurés ont écouté le profil psychologique de l’ex caporal-chef, brossé par le docteur Masson, expert psychiatre.
Selon lui, cet ancien soldat du feu est "responsable de ses actes". Il aurait commis l’irréparable "par passion et fascination du feu" mais aussi par narcissisme, pour combattre les flammes et devenir "un héros".
Autre point soulevé, la pathologie supposé de pyromanie. Là encore, l’expert psychiatre a rejeté cette possibilité : l’accusé est "responsable de ses actes" : il s’agit donc d’un "incendiaire" et non d’un "pyromane". Car la pyromanie est une maladie qui pousse à allumer des incendies.
Pyromanie ou incendiaire : l’éclairage du Docteur Gérard Moutou. L’expert judiciaire intervenait sur le plateau du 19h d’Antenne Réunion.
"Un bon père" et "un bon mari"
L’autre moment fort de ce deuxième jour de procès a été marqué par le témoignage poignant de la femme de Patrice Nirlo. Décrit comme un mari fidèle et un père attentionné, ce caporal-chef aurait "deux visages".
Marié et père de trois filles, il n’a pu retenir ses larmes hier après-midi en écoutant le témoignage de sa femme.
Elle a d’abord insisté sur le fait que son conjoint est "un bon père" et "un bon mari". Elle a affirmé qu’elle n’aurait jamais pu imaginer que son concubin serait capable d’allumer volontairement un incendie. "Son métier faisait partie de lui...".
Les incendies reprochés
Le 11 octobre 2010 : le premier incendie au Maïdo. 780 hectares partent en fumée, des espèces endémiques sont touchées. Il faudra 11 jours pour venir à bout de ce feu. Les dégâts s’élèvent à 3 millions d’euros.
Le 13 novembre 2010 : Piton Textor. plusieurs départs de feu à Bourg-Murat et à Piton Barbaroux, Trou Blanc et Piton de Caille. Pendant 5 jours, les flammes ravagent la végétation sur le massif du Volcan. Plus de 83 hectares partent en fumée.
Le 25 octobre 2011 : le second incendie au Maïdo. Il faudra 3 mois pour maîtriser l’incendie. Des habitations sont menacées cette fois et des agriculteurs sont évacués. 600 sapeurs-pompiers sont mobilisés dont 430 venus de métropole. Le bilan est dramatique : 2 800 hectares détruits, 10 millions d’euros de préjudices.
En 2013, deux incendies à Sainte-Marie : Moka et Beaumont.
En tout, c’est la destruction de 4 000 hectares de végétation qui est reprochée à Patrice Nirlo : il faudra une campagne de reboisement longue de 20 ans pour effacer les dégâts.
Le mode opératoire
D’après les éléments de l’enquête, le prévenu aurait utilisé uniquement sa "science" du feu et n’aurait eu besoin que de quelques allumettes pour provoquer ces dramatiques incendies. L’homme n’aurait pas eu recours à un produit accélérant.