Après avoir écouté avec attention les parties civiles (ONF et Parc National) ce matin, Patrice Nirlo a découvert les conclusions de son expertise psychiatrique. Décrit comme un mari fidèle et un père attentionné, ce caporal-chef aurait "deux visages".
Pour ce deuxième jour de procès, c’est un homme concentré qui se trouve dans le box des accusés. Patrice Nirlo suit avec attention les interventions de chacun. Hier, il a exprimé desregrets en insistant sur sa culpabilité d’avoir "trahi les pompiers".
Aujourd’hui vêtu d’une chemise à carreaux, le caporal-chef Nirlo a écouté les parties civiles appelées à la barre. Les représentants de l’ONF (Office National des Forêts) et du Parc National de La Réunion ont pris la parole pour décrire l’ampleur des dégâtsprovoqués par les incendies du Maïdo en 2010 et 2011.
La superficie brûlée suite à ces deux incendies dévastateurs représente 20 % du patrimoine du Parc National de La Réunion. Selon les experts de l’ONF, trois espèces endémiques ont disparu.
"Des espèces végétales endémiques disparues à jamais"
Les conséquences de ces incendies sont irréversibles. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le Maïdo aurait pu perdre son label suite à ces feux ravageurs.
Patrice Nirlo a écouté avec beaucoup d’attention le bilan désastreux des incendies qu’il a allumé. "Tous ces dégâts... Comment ai-je pu faire ça ? (...) Je veux repartir sur de nouvelles bases, m’occuper de ma famille" a déclaré le pompier pyromane face aux jurés.
La personnalité de Patrice Nirlo passée au crible
En fin de matinée, les conclusions de l’expertise psychiatrique du caporal-chef qui a reconnu avoir allumé\"trois à quatre feux ans depuis 2008\" ont été présentées. Décrit comme étant "un mari fidèle" et un "père attentionné", l’accusé a eu une "bonne éducation".
"J’ai eu de bons parents" a lancé Patrice Nirlo ce matin, face aux jurés de la cour d’assises.
Cette expertise évoque une personne "à deux visages" : d’un côté, Patrice Nirlo père, ami, mari et collègue exemplaire et de l’autre... Un homme tourmenté qui a besoin de sentir "héros".
"J’ai un manque de confiance en moi, je n’ai jamais pu m’affirmer" tente d’expliquer le pompier pyromane.
Les incendies reprochés à Patrice Nirlo
Le 11 octobre 2010 : le premier incendie au Maïdo. 780 hectares partent en fumée, des espèces endémiques sont touchées. Il faudra 11 jours pour venir à bout de ce feu. Les dégâts s’élèvent à 3 millions d’euros.
Le 13 novembre 2010 : Piton Textor. plusieurs départs de feu à Bourg-Murat et à Piton Barbaroux, Trou Blanc et Piton de Caille. Pendant 5 jours, les flammes ravagent la végétation sur le massif du Volcan. Plus de 83 hectares partent en fumée.
Le 25 octobre 2011 : le second incendie au Maïdo. Il faudra 3 mois pour maîtriser l’incendie. Des habitations sont menacées cette fois et des agriculteurs sont évacués. 600 sapeurs-pompiers sont mobilisés dont 430 venus de métropole. Le bilan est dramatique : 2 800 hectares détruits, 10 millions d’euros de préjudices.
En 2013, deux incendies à Sainte-Marie : Moka et Beaumont.
En tout, c’est la destruction de 4 000 hectares de végétation qui est reprochée à Patrice Nirlo : il faudra une campagne de reboisement longue de 20 ans pour effacer les dégâts.