Ce jeudi marque le deuxième jour du procès de Patrice Nirlo. L’ancien caporal-chef comparaît aux assises pour dommages irréversibles sur l’environnemment. Conséquence des incendies qu’il aurait volontairement allumé. Les experts vont livrer le profil psychiatrique et psychologique de l’ex sapeur-pompier.
Suite aujourd’hui à la cour d’assises de Saint-Denis du procès de l’ex caporal-chef Patrice Nirlo. L’ancien pompier a avoué être à l’origine d’une vingtaine d’incendies, qu’il aurait allumé entre 2008 et 2013. "J’ai allumé 3 à 4 incendies par an depuis 2008" a-t-il confié à la barre ce mercredi 3 février.
Ce matin, le Parc national de La Réunion et l’Office national des forêts (ONF), qui sont parties civiles, sont entendus.
Hier, Patrice Nirlo a exprimé ses regrets sur les actes criminels qu’il a commis. Parmi les mots forts qu’il a prononcé : "J’ai honte de ce que j’ai fait, j’ai trahi les pompiers ! J’ai fait du mal à ma famille", a-t-il lancé en larmes.
Son avocat, Me Jacques Hoarau, de poursuivre. "Pour lui, la journée était importante, parce que, d’une part, il devait se présenter tel qu’il est à ses juges. D’autre part d’expliquer ce qui s’est passé durant les années passées. C’est un pompier qui avait une passion pour le feu. Il voulait combattre, selon les expressions employées aujourd’hui".
Pour maître Alain Rapady, avocat du Sdis 974, Patrice Nirlo avait bien conscience de ses actes. "Il n’a pas réussi à me convaincre pour plusieurs raisons. D’abord, il a manifestement une mémoire sélective. Quand les questions viennent de son conseil il répond du tac au tac. Quand les questions viennent des avocat de la partie civile ou du procureur de la République, il jette un regard au ciel, il attend une seconde, il réfléchit et il répond".
Maître Rémi-Pierre Drai, avocat de l’Office national des forêts de souligner : "Monsieur Nirlo, pompier pyromane, n’a jamais nié être le responsable de tous les départs de feu. Maintenant, nous essayons de comprendre d’où ça vient. Comment il peut être à la fois pompier modèle et pyromane criminel".
Les incendies reprochés
Le 11 octobre 2010 : le premier incendie au Maïdo. 780 hectares partent en fumée, des espèces endémiques sont touchées. Il faudra 11 jours pour venir à bout de ce feu. Les dégâts s’élèvent à 3 millions d’euros.
Le 13 novembre 2010 : Piton Textor. plusieurs départs de feu à Bourg-Murat et à Piton Barbaroux, Trou Blanc et Piton de Caille. Pendant 5 jours, les flammes ravagent la végétation sur le massif du Volcan. Plus de 83 hectares partent en fumée.
Le 25 octobre 2011 : le second incendie au Maïdo. Il faudra 3 mois pour maîtriser l’incendie. Des habitations sont menacées cette fois et des agriculteurs sont évacués. 600 sapeurs-pompiers sont mobilisés dont 430 venus de métropole. Le bilan est dramatique : 2 800 hectares détruits, 10 millions d’euros de préjudices.
En 2013, deux incendies à Sainte-Marie : Moka et Beaumont.
En tout, c’est la destruction de 4 000 hectares de végétation qui est reprochée à Patrice Nirlo : il faudra une campagne de reboisement longue de 20 ans pour effacer les dégâts.
Le mode opératoire
D’après les éléments de l’enquête, le prévenu aurait utilisé uniquement sa "science" du feu et n’aurait eu besoin que de quelques allumettes pour provoquer ces dramatiques incendies. L’homme n’aurait pas eu recours à un produit accélérant.