Antenne Réunion
Annick Vitry, éducatrice responsable de la prévention des violences à la mairie de Saint-Denis, réagit à la grâce de Jacqueline Sauvage.
Annick Vitry, éducatrice responsable de la prévention des violences à la mairie de Saint-Denis, s’exprime suite à la décision du président de la République, François Hollande, de gracier Jacqueline Sauvage qui avait été condamnée pour avoir tué son mari qui avait abusé d’elle et de ses enfants.
"En tant que femme et en tant que citoyenne, je me dis que dix ans, alors qu’elle a été victime pendant des années. Elle a souvent dit que c’était elle ou lui. À mon sens, au niveau judiciaire, il y a des choses à revoir sur la protection des femmes", déplore Annick Vitry.
La légitime défense a-t-elle été prise en compte ?
"Je ne pense pas. La preuve, elle a été condamnée à dix ans de prison ferme. C’est une bataille acharnée de son avocate, de ses filles et de la population. Je pense que le président de la république l’a pris en compte. C’était aussi courageux de sa part à lui."
Une affaire qui va changer les choses ?
"Chaque situation est unique même en matière de violence", rappelle Annick Vitry
Elle ajoute au sujet du meurtre commis par Jacqueline Sauvage : "Je ne sais pas si on peut faire justice soit même. je pense que c’est une femme et une famille qui était sous emprise. Ses filles ont aussi été très touchées par la violence conjugale. C’était peut-être son dernier recours."
Violences faites aux femmes : la prévention est la clé
"Nous, on intervient auprès de la jeunesse de Saint-Denis. On parle beaucoup des rapports entre les garçons et les filles et les violences qui touchent plus particulièrement les femmes. Quand on parle des signes, le changement de comportement, les violences physiques morales, psychologiques. Je ne sais pas si tous les signes se voient autant que ça. Il faut bien considérer que quand une femme est violentée, il y a tout un parcours. Ça ne commence pas par une gifle, il y a un parcours, il y a des humiliations qui suivent. Il y a aussi un parcours pour sortir", précise-t-elle.
Annick Vitry conclut : "Je pense qu’il faut parler à tout le monde. On devrait tous en tant que citoyens et citoyennes, être plus concernés par ce phénomène des violences. On en parle énormément avec la jeunesse parce que ce sont les jeunes qui vont changer. C’est la prévention qui va changer l’attitude. Les violences faites aux femmes, c’est aussi un machisme des hommes qui ont un pouvoir sur les femmes."