La commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes a rendu son rapport ce mardi.
Depuis le mois de décembre 2014, la commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes créée par les députés Eric Ciotti (UMP) et Patrick Menucci (PS) a étudié les points forts et manquements de l’action publique face à la menace.
Le rapport est soumis au vote de la commission ce mardi 2 juin. Plusieurs pistes de travail sont évoquées selon l’AFP et Le Monde.
Eric Ciotti déplore dans son avant-propos que la France ait "perdu trois ans en matière antiterroriste", malgré "des alertes lancées dès 2012". La commission demande au gouvernement de renforcer les moyens administratifs et judiciaire. Elle rappelle qu’il faut aussi un autre type de réponse pour un problème qui a "profondément racine dans notre corps social."
Les chiffres de la radicalisation
Selon le bilan du 26 mai, 457 Français sont actuellement en Syrie (dont 137 femmes et 80 mineurs), 105 individus y ont déjà perdu la vie. 213 personnes seraient déjà rentrées en France. 521 auraient des projets de départ.
Radicalisation en prison
"La quasi-totalité de ceux qui ont commis des actes violents au nom du djihad" avaient un passé de délinquant. Mais plus de la moitié des personnes parties en Irak ou Syrie étaient inconnues des forces de l’ordre. Seuls 15% des condamnés pour terrorisme avaient déjà été incarcérés.
Le rapport souligne le travail réalisé pour isoler en prison les "leaders recruteurs". Pour autant, le texte rappelle que les autres catégories à risque sont mélangées : "djihadistes endurcis", les "repentants", les "traumatisés" et ceux "en voie de radicalisation."
La mise en place d’un centre de prise en charge des jeunes de retour des zones de combat est applaudi. Il est proposé d’ajouter des référents pour un suivi personnalisé de ces personnes.
Plus d’enquêtes, plus de renseignements, plus de contrôles
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) suit actuellement 162 enquêtes judiciaires, contre 40 au 1er janvier 2012. Leur effectif est pourtant de 300 enquêteurs. Le rapporteur demande un doublement du nombre d’investigateurs.
Il souhaite aussi que les services qui aident au renseignements n’ont pas accès aux fichiers spécialisés comme le système d’immatriculation des véhicules, le système de gestion des passeports ou des cartes nationales d’identité.
Les entrées et sorties du territoire devraient aussi être mieux contrôlées selon le rapporteur. Une solution, la création rapide d’un fichier de données passagers européens. Autre proposition, le contrôle systèmatique des personnes venant d’un pays extérieur à l’espace Shengen.