13 novembre 1994 à la Grande Montée. 8 morts dont 4 enfants dans l’un des crimes les plus barbares qu’ait connu La Réunion. De parfaits innocents qui se sont écroulés sous les balles d’un tireur fou, Germain Nabénéza.
Personne ne peut expliquer aujourd’hui encore ce qu’il s’est passé le 13 novembre 1994 à la Grande Montée. Germain Nabénéza s’est donné la mort, emportant avec lui les raisons de sa folie meurtrière et laissant des familles traumatisées par l’horreur vécue par un dimanche ensoleillé.
La table encore dressée, une voiture au milieu de la chaussée, des corps dans le fossé et des marres de sang qui témoignent de la rapidité avec laquelle les événements ont dégénéré.
Il est un peu plus de midi lorsque les premières détonations se font entendre. Germain Nabénéza vient de tirer sur son frère Henry. Ce jour là, l’homme invite Henry et sa famille - sa femme et ses deux enfants, Carole 14 ans et Maxime 6 ans - à déjeuner. La femme d’Henry quitte le domicile pour aller visiter l’une des filles de Germain à l’hôpital. Une discussion très animée occupe Germain et son frère.
Gisèle, la femme de Germain, s’éclipse, accompagnée de sa fille Ingrid. Peu de temps après, Germain fait feu sur son frère. Henry, blessé au bras et au ventre, s’enfuit, poursuivi par Germain Nabénéza.
Il se réfugie chez des voisins, la famille Biosca. A l’intérieur de la maison, Pascal Biosca, sa femme Bernadette et leurs enfants, Julia et Florian. Le couple est tué à bout portant. Les enfants âgés de 6 et 14 ans prennent la fuite. Henry parvient également à s’échapper. Il trouve refuge chez un autre voisin. Traquant son frère, Germain s’en prend à d’autres voisins.
Bertille, Jean-Charles et Sammy Moutoussamy échappent à une mort certaine. En s’équipant d’une nouvelle arme, Germain tire à trois reprises. Par chance, il oublie de charger le fusil.
Germain Nabénéza revient sur ses pas, l’arme rechargée, il tombe sur ses neveux à l’entrée de l’allée. Maxime, 6 ans et Carole, 14 ans se trouvent avec les enfants du couple Biosca, Florian et Julia. Les coups de feu partent. Les 4 enfants s’écroulent dans le caniveau.
Morts parce qu’ils étaient là
L’horreur ne s’arrête pas là. Germain achève les enfants de son frère avec la crosse de son fusil. Une Golf bleue emprunte la route de la Grande Montée. A son bord, Didier Panichy, 29 ans et sa passagère Sonia Famékamy, 17 ans. Devant la scène barbare qui est en train de se dérouler sous ses yeux, le conducteur tente un demi-tour en catastrophe. Son véhicule reste bloqué entre la chaussée et le fossé.
Des coups de feu retentissent à nouveau. Les deux occupants sont abattus à bout portant. Germain utilise une nouvelle fois sa crosse pour finir le massacre. Le tireur fou se retranche ensuite chez lui.
Pendant ce temps, les secours arrivent sur place. Les premiers soins sont apportés à Henry et Florian, le seul enfant qui n’est pas décédé sur le coup. La maison des Nabénéza est encerclée par les gendarmes, appuyés par l’ELI (Equipement léger d’intervention). Autour du drame, les badauds s’amassent. Un cordon de sécurité est déployé pour permettre l’intervention des pompiers de Sainte-Marie et de Sainte-Suzanne.
Un impressionnant dispositif de secours déployé
14h55, énième et dernière détonation. Germain Nabénéza vient d’utiliser son arme contre lui. Une balle dans la tête. Les médecins du SMUR tentent de le sauver, il ne survit pas à ses blessures.
Lors des premiers relevés, trois armes sont retrouvées. Deux ont la crosse détruite. 8 innocents sont morts. Florian, gravement blessé, s’éteint à l’hôpital deux jours plus tard.
Ni les témoignages de la femme de Germain, ni ceux du voisinage n’ont permis d’éclaircir les raisons du drame. Dix mois avant les faits, le meurtrier perdait son frère, Roland, abattu d’une balle dans la tête par un conseiller municipal, responsable du secteur de Champ-Borne à Saint-André. Un drame qui avait dévasté Germain Nabénéza. L’homme aurait également eu des problèmes financiers. Deux paramètres qui ont pu jouer dans le déchaînement de violence qui a terrassé plusieurs familles et meurtri un quartier jusqu’à lors paisible.