Laurent Fabius a relancé le débat sur le travail dominical. Le ministre propose l’ouverture des magasins dans les zones touristiques. Dans l’île, l’idée est loin de faire l’unanimité.
Ouvrir les enseignes le dimanche pour relancer le tourisme. C’est la proposition avancée par le ministre des Affaires étrangères et du commerce international, également en charge du porte-feuille du Tourisme. Sur les ondes de RTL, mardi 22 avril, Laurent Fabius a remis sur le tapis, le sujet épineux du travail dominical. Pour le ministre, les magasins doivent être ouverts, "uniquement dans les zones très touristiques, à proximité des gares, des aéroports et dans un certain nombre de quartiers".
Débattu à plusieurs reprises, le dossier du travail dominical a toujours fait grincer les dents des syndicats. Et la nouvelle trouvaille de Laurent Fabius envenime la situation. Si une telle mesure est appliquée, ce sont principalement les régions balnéaires de La Réunion qui seraient impactées. Pour la CFDT Commerce et services, il faut dissocier tourisme et commerce.
"Ce n’est pas acceptable", gronde Joël Dalleau. "L’ouverture le dimanche ne peut pas être un bien pour la population réunionnaise pour relancer le tourisme", poursuit le secrétaire général de la CFDT Commerce et Services. Pour le représentant syndical, "le tourisme est un modèle différent du commerce". Il ajoute : "Il appartient aux responsables du tourisme de faire le nécessaire pour que le tourisme fonctionne à La Réunion et non pas prendre comme bouc-émissaire les commerces sur le Département".
Si sur le principe, la mesure n’est pas accueillie positivement, elle n’est pas mieux reçue dans la pratique. Le travail dominical implique un salaire particulier et donc des dispositions spécifiques qui devront être prises par les entreprises concernées. Laurent Fabius évoque notamment une compensation financière. Pour Joël Dalleau, les employeurs doivent "se rencontrer autour d’une table pour débattre, négocier".
"Aujourd’hui, dans certaines entreprises, lorsque les salariés sont embauchés, c’est mentionné dans le contrat de travail qu’il y a obligation de travailler le dimanche", explique-t-il. Le secrétaire général déplore déjà un manque de concertation et pointe du doigt la "contrainte" qui serait imposée aux salariés.
Le travail dominical fait déjà l’objet de dérogations à l’échelle locale et nationale, notamment dans la grande distribution et les enseignes de bricolage. Selon Joël Dalleau, "les patrons essayent de banaliser le travail le dimanche". Et d’ajouter fermement : "Nous sommes totalement contre. Il faut que les salariés fassent un choix. Il y aura peut-être du volontariat mais la banalisation du travail le dimanche est proscrite par la CDFT".