Nouveau bateau, nouvelle usine de transformation : la Sapmer, qui s’affiche aujourd’hui comme un groupe international intensifie son activité thonière. Objectif : conquérir le marché asiatique.
"Les ventes de conserves stagnent alors que celles du surgelé progressent chaque année de 15%" : voilà le constat dressé par Yannick Lauri. En marge de la présentation du Belle Rive - le premier bateau de la Sapmer battant pavillon mauricien - le Directeur Général du groupe français a dévoilé vendredi les objectifs pour l’avenir.
Dans le viseur : l’Asie et un marché de niche, celui du poisson surgelé, actuellement en pleine expansion. Pour parvenir à ses fins, la Sapmer n’a pas lésiné sur les moyens. La société créée en 1947 à La Réunion a investi plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’acquisition de cinq nouveaux thoniers senneurs surgélateurs. Cinq navires immatriculés dans l’île soeur et qui s’ajoutent aux cinq premiers bâtiments sous licence française.
Une révolution stratégique, comme l’explique Yannick Lauri : " Les capacités de pêche sous pavillon français n’étaient plus possibles. Et nous avons eu de la part des autorités mauriciennes un accueil très favorable à l’immatriculation de cinq navires sous pavillon mauricien. C’est donc ce que nous allons essayer d’honorer sous les deux ans à venir. Le premier est le Belle Rive et le Belle Île suivra dans une semaine avec un départ du Viet-Nam".
A bord du Belle Rive, une trentaine de marins mobilisés pour traquer et capturer du thon albacore et listao, deux espèces qui ne sont pas menacées d’extinction et qui sont très appréciées sur les marchés asiatiques. Une fois dans les filets, le thon est stocké dans les cales du navire, à moins 40°c, avant d’être traité.
Autre cheval de bataille : la valorisation des produits. Là aussi, Sapmer a lourdement investi pour maximiser ses capacités de stockage et de transformation du thon pêché dans la zone Océan Indien dans le bassin somalien, à l’Est des Seychelles et dans le canal du Mozambique. Après Mer des Mascareignes, une deuxième usine de transformation de poisson a donc été créée à Maurice.
Implantée dans la zone de Free Port à Port-Louis, Tuna Processing Services Indian Ocean qui a démarré son activité en juin dernier apparait comme la "grosse cavalerie" pour la transformation du thon surgelé. A travers cette nouvelle structure, la Sapmer a anticipé sur l’augmentation de sa pêche thonière. A terme, plus de 60 000 tonnes de thon listao et albacore devaient être traitées chaque année dans cette usine pour au moins 12 000 tonnes de produit fini.
Grâce aux nouvelles chambres froides, plus de 4300 tonnes de thon peuvent être stockées. Interrogé, Christopher Talbot, Directeur de l’unité de transformation TPS-OI détaille le processus : "le poisson est congelé à sec dans le bateau à moins 40°c. Cela coûte très cher mais il est impératif de maintenir cette température par la suite pour garantir la qualité du produit et avoir le prix de vente sashimi sur le marché japonais".
Etêté, équeuté, écaillé, découpé, conditionné... la transformation du poisson dure en tout et pour tout huit minutes. 70% de cette production sera écoulée sur le marché asiatique. Quant au Belle Rive, sa première mission accomplie, il repartira bientôt pour plus de deux mois en mer.