La présidente de Région Huguette Bello s’inquiète de l’éventuel rachat de Run Market par le groupe Mauricien IBL. Dans un communiqué, elle indique que ce serait un mauvais signal envoyé aux acteurs locaux.
La presse a annoncé ce jour un scénario de reprise de Run Market par un groupe extérieur à La Réunion. C’est une situation préoccupante car il en va d’abord de l’avenir des salariés. Ce qui arrive aujourd’hui était malheureusement prévisible. À l’époque, les alertes avaient été lancées mais n’avaient pas été entendues.
Nous sommes, aujourd’hui, face à l’urgence d’une reprise pour sauver ce qui peut l’être. Aussi, la solution, qui doit prévaloir, doit, non seulement, permettre de faire face à l’urgence, mais surtout, celle-ci doit avoir pour objectif de préserver les intérêts de l’économie réunionnaise à long terme, compte tenu de la place et du rôle de la grande distribution dans notre île et, notamment, de ses relations avec les autres secteurs de l’économie et la production locale.
La Région Réunion a sur ce plan une triple préoccupation. D’abord, éviter toute position de monopole pour maintenir un équilibre de marché. Ensuite, sauvegarder les intérêts de la production locale et des chaînes de valeur liées à l’agriculture et l’industrie réunionnaises. Enfin, bien entendu, préserver les emplois.
À l’aune de ces critères, la Présidente du Conseil Régional a fait connaître la semaine dernière devant l’assemblée générale de l’A.D.I.R., sa position sur ce dossier : soutenir toute solution réunionnaise pour la reprise de Run Market afin d’écarter toute tentative de reprise par un groupe extérieur à La Réunion. Et pour cause, les épisodes survenus ces dernières années sont riches d’enseignement.
En effet, certaines activités sont progressivement passées sous le contrôle de groupes extérieurs. Ce qui s’est traduit, obligatoirement, par une perte de valeur ajoutée pour le territoire et par un affaiblissement de la capacité de notre île à orienter son développement en fonction de ses intérêts du fait des transferts des centres de gravité des décisions à l’extérieur de notre île. Or, de telles évolutions sont contraires à la volonté partagée des acteurs réunionnais de renforcer la production locale et de maintenir les emplois induits. Aussi, si le groupe mauricien I.B.L. était retenu pour la reprise de Run Market au détriment d’une offre réunionnaise, il s’agirait là, non seulement, d’un mauvais signal pour les acteurs réunionnais. Mais il n’y aurait également plus aucune garantie pour l’avenir car il est bien évident que les décisions prises par I.B.L. ne se feraient pas en fonction des intérêts de La Réunion mais d’intérêts propres au groupe mauricien.
Par ailleurs, dans ce dossier, l’abandon des dettes bancaires, sociales et fiscales au profit d’un groupe extérieur, avec l’accord et l’accompagnement de l’État, aurait un caractère inédit dans la mesure où c’est le contribuable français qui aiderait ainsi un groupe extérieur. dans son opération de rachat d’un groupe réunionnais. Et ce alors même que rien ne garantit que nous ne nous retrouverons pas dans quelques années dans la même situation qu’aujourd’hui, compte tenu de la répartition actuelle des parts de marché entre les acteurs de la grande distribution.
C’est pourquoi, la Présidente de Région Huguette Bello souhaite alerter l’opinion sur les conséquences possibles d’une telle prise de contrôle externe et appelle l’État, qui est un partenaire incontournable de toute solution de reprise, à examiner avec la plus grande attention la solution réunionnaise qui est sur la table à l’heure actuelle.
Le choix qui sera fait sera, en effet, significatif de l’orientation que nous voulons donner à notre économie et de la confiance que nous accordons aux acteurs réunionnais.
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