On les attendait plus nombreuses, mais cette année, les procédures de liquidations et de redressement judiciaire sont moins nombreuses par rapport à l’an dernier. Soutenues par l’Etat les entreprises restent à flot. Mais le tribunal craint une vague de procédures dans les prochains mois.
C’est dans les hauts de Saint-Denis Johann Olivier, gérant de boulangerie, prépare ses livraisons. Il varie ses activités pour compenser les pertes dues à la crise sanitaire. Son entreprise est actuellement en redressement judiciaire. Un soulagement pour lui qui pensait mettre la clé sous la porte.
"Il a fallu se rendre à l’évidence à un moment donné, il n’y avait plus de trésorerie. Depuis que je suis en période d’observation, les témoins sont repassés au vert. Ça a vraiment facilité la gestion à la fois du personnel, de l’entreprise et des créances. Le redémarrage est encore un peu fragile. Là où je travaille est un quartier essentiellement administratif. On attend la reprise des cours, que tout le monde reprenne le travail et ça devrait repartir dans des bonnes conditions."
En comparaison avec l’année précédente, le nombre de liquidation ou de redressement judiciaire est en baisse. Chômage partiel, dispositif de soutien ou report de charges.... Autant d’aides qui peuvent expliquer cette situation.
"Lorsque le moment de commencer à payer va arriver, ça va être plus compliqué. On pensait que ça allait arriver dans l’hiver austral, mais ça devrait arriver en fin d’année ou début d’année prochaine où on devrait avoir une augmentation des procédures", développe Bruno Karl, président du tribunal de grande instance de Saint-Denis.
En attendant, les chefs d’entreprises sont vivement encouragés à anticiper, comme l’illustre Éric Tuffery, procureur de la République de Saint-Denis.
"Ce n’est pas honteux de déposer le bilan. Le redressement judiciaire permet de geler les dettes et les avoirs jusqu’à 10 ans pour apurer l’ensemble des dettes que l’on doit à ses créanciers. Trop peu de personnes déposent le bilan alors que c’est une chance."
D’autres procédures existent comme la sauvegarde de justice qui permet à une entreprise de saisir le tribunal de commerce. Une procédure qui est selon le parquet encore trop peu utilisée à La Réunion.