Avec l’épidémie de coronavirus, de très nombreuses théories, hypothèses et informations circulent sur les réseaux sociaux et différents sites, plus ou moins fiables. Difficile d’y voir clair dans ce torrent d’informations, parfois techniques ou contradictoires. Comment repérer et se protéger des fameuses fake news ? Voici quelques éléments de réponses ; on en profite pour démentir quelques informations douteuses croisées sur la toile.
L’épidémie de coronavirus, qui ne cesse de progresser à La Réunion comme dans l’Hexagone et ailleurs dans le monde, est accompagnée d’une autre épidémie qui ravage les réseaux sociaux : celle des fake news.
Le gouvernement avait même lancé son propre site "Désinfox Coronavirus", avant de le retirer, sous la pression de journalistes qui ne voyaient pas d’un bon oeil le contrôle des informations par le pouvoir politique.
Alors qu’internet et les réseaux sociaux en particulier font désormais partie de notre quotidien - des outils pour s’informer, discuter, partager - ils peuvent s’avérer dangereux, notamment en période de crise sanitaire. Depuis le début de l’épidémie, on voit de nombreuses informations circuler sur la toile. Difficile de déceler le vrai du faux.
Pour ce faire, il est important de se poser plusieurs questions face à une information, comme le conseille le gouvernement, qui travaille actuellement sur des leviers juridiques de lutte contre la progagation des fake news.
Tout d’abord, il est important de regarder la source. D’où vient cette information ? Qui en est l’auteur ? Il est généralement facile de remonter à la source de l’information grâce au nom de l’auteur, et au site sur lequel on navigue. La nature du site est un élément important, et peut varier : un média reconnu, un réseau social, un blog, un site institutionnel... La qualité et la fiabilité de l’information peut dépendre de la nature du site.
Ensuite, il faut se demander quel est l’objectif de ce site. Informer, convaincre (militer), vendre, manipuler, faire peur ? Identifier l’objectif d’un article ou d’un site peut permettre de prendre du recul par rapport à la qualité ou l’objectivité d’une information.
Si le doute persiste, il est souhaitable de comparer les sources afin de s’assurer que les autres médias ont bien relayé l’information, et de quelle façon.
Voici quelques exemples de fake news liées au coronavirus qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
Alors que l’obligation du port du masque se généralise, beaucoup d’internautes affirment que cet équipement est inutile pour lutter contre le virus, et serait même dangereux pour la santé de celui qui l’utilise.
Le port du masque DANGEREUX POUR NOTRE SANTÉ.
"Il porte atteinte à l’intégrité physique de la personne en abaissant le taux d’oxygénation du sang de la personne ... "
LE MASQUE @francoislegault CE N’EST PAS POUR NOUS PROTÉGER mais bien nous affaiblir.https://t.co/pHuwsWdvaf— Robert Bertrand (@RobertQc) August 23, 2020
Des internautes affirment que le port du masque pourrait engendrer un manque d’oxygène ainsi qu’une concentration de dioxyde de carbone trop élevée dans le sang. Ce serait effectivement le cas si les masques ne filtraient pas l’air. Or, ces équipements sont initialement conçus pour être portés par le personnel médical pendant de longues périodes. Ils filtrent donc l’air de façon à ce que l’utilisateur soit correctement approvisionné en oxygène. Shane Shapera, directeur du programme des maladies pulmonaires de l’hôpital public de Toronto, a indiqué à RTL qu’un "masque n’est pas un circuit fermé. Presque tout l’air expiré s’échappe du masque donc vous ne respirez pas votre propre CO2".
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dément égalemement formellement cette hypothèse. "L’utilisation prolongée de masques médicaux, dès lors qu’ils sont correctement portés, N’ENTRAÎNE PAS d’intoxication au dioxyde de carbone ni de manque d’oxygène. Elle peut être inconfortable, mais elle n’entraîne ni intoxication au CO2 ni manque d’oxygène", peut-on lire sur le site de l’OMS. "Au moment de porter un masque médical, veillez à ce qu’il soit correctement ajusté et qu’il soit suffisamment serré pour vous permettre de respirer normalement. Ne réutilisez pas un masque à usage unique et changez-le dès qu’il s’humidifie".
Même si certains posts allant en ce sens ont été repris plusieurs milliers de fois, cette affirmation est fausse.
Cette information a également beaucoup circulé sur les réseaux sociaux et Youtube. Certains internautes établissent un lien direct entre le réseau mobile 5G et la propagation du virus.
Là-aussi, l’OMS dément cette affirmation complotiste. "Les réseaux de téléphonie 5G NE propagent PAS la COVID-19. Les virus ne circulent pas sur les ondes radio ou par les réseaux mobiles. La COVID-19 se propage dans de nombreux pays qui n’ont pas de réseau mobile 5G", explique l’Organisation mondiale de la santé, rappelant que "la COVID-19 se propage par les gouttelettes respiratoires projetées lorsqu’une personne infectée tousse, éternue ou parle. On peut aussi être infecté en touchant une surface contaminée, puis ses yeux, sa bouche ou son nez".
Le vaccin est également au coeur de nombreuses fake news. Celle qui revient le plus régulièrement sur les réseaux sociaux et sur Youtube est la suivante : le vaccin contre le covid-19 permettra de nous localiser grâce à la 5G.
Le Covid19 a été fabriqué en France par l’institut Pasteur.
Dans le vaccin pour la rentrée, il y’a des nanoparticules du brevet Microsoft. Cela permettra de nous contrôler grâce à la 5G. Pas même besoin de la puce pour être pisté en permanence. https://t.co/ApiK6Ddfcd— Antoine H (@HAntoine11) August 20, 2020
Dans ce tweet, plusieurs éléments permettent de repérer qu’il s’agit d’une fake news. L’internaute parle "du vaccin pour la rentrée". Or aucun laboratoire n’a encore trouvé de vaccin avéré et efficace. Il est donc nullement question de vaccination généralisée à la rentrée.
Voici une autre fake news que nous avons vu circuler pendant l’épidémie. C’est un bon exemple du danger qu’elles peuvent représenter. Plusieurs internautes assurent que la consommation d’alcool pourrait aider à prévenir, voire à guérir de la covid-19.
#Coronavirus | Désinfox
❌ Non, La cocaïne NE protège PAS contre le #COVID19 .
✅ C’est une drogue addictive provoquant de graves effets indésirables et nocifs pour la santé des personnes.
👉 https://t.co/ajSGwecauL pic.twitter.com/4GZ01Qmg5X— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) March 8, 2020
Une affirmation encore une fois démentie par l’OMS, qui rappelle que la consommation d’alcool est dangereuse pour la santé. "Boire de l’alcool ne protège pas contre la COVID-19 et peut être dangereux".
Cette rumeur numérique est même devenue meurtrière, puisque 27 personnes sont décédées en Iran après avoir consommé de l’alcool frelaté, censé guérir du coronavirus.