Patrick Corré, secrétaire général de la CGTR Educ’Action, interpelle le recteur de l’Académie de La Réunion sur le mauvais classement des collèges locaux.
Il faut agir, monsieur le recteur !
L’éducation est affichée comme étant une priorité du quinquennat, mais il ne suffira pas d’annoncer vouloir faire de l’école une priorité pour corriger les inégalités de l’école française.
La corrélation entre échec scolaire et milieux populaires n’ a jamais été aussi forte et le poids de l’origine sociale pèse véritablement dans les performances. Ainsi, un enfant d’ouvrier n’a pas les mêmes chances qu’un enfant de cadre intellectuel de réussir et ce « déterminisme social » est deux fois plus fort en France qu’en Finlande , en Islande ou en Corée du Sud . A cet égard , les chiffres sont éloquents puisque 76% des enfants de cadres ont accès à un diplôme de l’enseignement supérieur alors que seulement 20% des enfants d’ouvriers non qualifiés y parviennent. Ces statistiques montrent bien que l’école du socle, mise en place depuis 2005,n’a pas permis de réduire le tri social mais le reproduit
Et ce constat à davantage de résonance dans les outre mer et notamment à la Réunion du fait d’un chômage de masse et d’une précarité explosive.
Le Palmarès des collèges 2014 (base résultats DNB 2013) effectué par le site France examen sur le Brevet des collèges , mis en ligne jeudi 6 novembre 2014 est pour le moins révélateur de l’état de notre système éducatif à la Réunion. Ainsi, notre académie occupe les bas-fonds du classement, en se retrouvant à la 27 ème place sur 31, le reste des outres mers fermant le banc !
Ces inégalités criantes avec la métropole sont particulièrement dommageables et L’égalité des chances pour l’élève réunionnais s’apparente de plus en plus, au pire, à une illusion idéologique, au mieux, à un vœu pieux
Libéralisation totale de la carte scolaire induisant mise en concurrence entre établissements et dégradation d’une mixité sociale déjà défaillante, horaires réduits et contenus d’enseignement alourdis dans le primaire, menaces sur l’école maternelle, généralisation du bac pro en trois ans et suppression des BEP, réforme du lycée pilotée dans le seul but d’économiser des moyens, éducation prioritaire revue à la baisse, suppression des réseaux d’aide spécialisée pour les élèves en difficulté, mise en place d’un accompagnement scolaire sans cohérence pédagogique... C’est la conception même du service public d’éducation qui est ainsi mis en jeu. Non seulement il ne combat pas les inégalités sociales, mais il participe à leur aggravation.
Cette ligne de conduite , à la Réunion plus qu’ailleurs prend place dans le vaste remodelage social en cours mené par le gouvernement et le patronat et tourne le dos au besoin d’élévation générale du niveau d’éducation et de qualification.
La CGTR EDUC’ACTION rejette tout déterminisme social. La réussite scolaire de chaque jeune est possible, encore faut-il que les conditions sociales ne soient un obstacle pour aucun d’entre eux.
Dans tous les cas ,ce classement nous interpelle et exige des mesures urgentes et adaptées
Parmi celles-ci, nous préconisons notamment :
- Une véritable politique du traitement de la difficulté scolaire. Pour la CGTR Educ’ Action ,les rééducateurs ont une place indispensable dans le dispositif de traitement et de prévention de la difficulté scolaire. Nous croyons en l’action des RASED .Tous les réseaux doivent être complets et pour cela des postes doivent être créés. Toutes les formes de la difficulté scolaire doivent pouvoir être efficacement traitées et l’échec scolaire combattu. Que toute la Réunion soit placée en zone éducation prioritaire et non pas limiter l’éducation prioritaire à un périmètre restreint comme c’est le cas aujourd’hui
- Il est fondamental de favoriser la prévention du décrochage scolaire en commençant par adapter les programmes aux élèves des milieux populaires noyés sous un encyclopédisme qui renforce le déterminisme social et pousse les plus fragiles à abdiquer scolairement
Réduire les effectifs par classe ( il est scientifiquement prouvé que la réduction de la taille des classes a un impact positif sur les résultats scolaires )
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