Lundi, les deux présidents français, Emmanuel Macron et égyptien, Abdel Fattah al-Sissi ont affiché leur désaccord sur les droits humains.
Au deuxième jour de la visite d’Emmanuel Macron en Egypte, le président français et son homologue égyptien ont nettement affiché lundi leur désaccord concernant les droits humains. Par deux fois, ils ont défendu chacun leur vision, d’abord au cours d’un tête-à-tête dans le palais présidentiel de l’Ittihadiya, puis durant une conférence de presse.
Considéré comme sujet sensible, ce domaine est aussi important non seulement pour Abdel Fattah al-Sissi mais aussi pour Emmanuel Macron. Ce dernier a approuvé l’usage de la force au cours des manifestations des « Gilets Jaunes ». De son côté, le président égyptien fait l’objet de vives critiques des ONG internationales. « On peut se dire les choses de manière très franche (...) sans considérer qu’on vient ni donner des leçons ni déstabiliser », a signifié le chef de l’Etat. Ainsi, il a précisé vouloir parler « plus ouvertement ».
En octobre 2017, lors de la visite d’Abdel Fattah al-Sissi en France, ces ONG avaient vraiment dénoncé Emmanuel Macron car il avait refusé de « donner des leçons » sur les droits humains. Pourtant, « les choses ne sont pas allées dans la bonne direction en Egypte », a-t-il évoqué ce lundi. C’est pourquoi il a déploré l’emprisonnement des blogueurs, des journalistes et des activistes égyptiens.
Le locataire de l’Elysée a été sollicité par plusieurs ONG dont Amnesty et Human Rights Watch à délivrer un discours fort sur la situation catastrophique des droits humains en Egypte.
Le président français a avancé que pour avoir la stabilité et la paix durable, le respect des libertés de chacun, de la dignité de chacun et d’un Etat de droit sont nécessaires. « Une société civile dynamique, active, inclusive reste le meilleur rempart contre l’extrémisme et une condition même de la stabilité ».
En réplique, Abdel Fattah al-Sissi a signifié être dans une région troublée. En faisant référence à la présidence de l’islamiste Mohammed Morsi, il a aussi indiqué que le projet d’établir un Etat religieux n’a pas réussi en Egypte. Par ailleurs, « on ne peut pas imposer à toutes les sociétés un seul chemin, nous ne sommes pas comme l’Europe ou comme l’Amérique », a-t-il rétorqué. Pour se justifier, le numéro un égyptien a évoqué que les blogueurs ne parlent pas de la réalité. Et que l’Egypte ne serait pas construite par les blogueurs mais par « le travail, l’effort et la persévérance ».
Les ONG ont ainsi demandé la libération de tous les prisonniers injustement détenus. Mais aussi, elles ont exigé la suspension de toute vente française d’armes qui pourraient être utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international en Egypte. Pourtant, Emmanuel Macron a souligné ne pas mésestimer les difficultés de rebâtir un Etat de 100 millions d’habitants, de développer une économie. Donc, « je ne donne aucune leçon », a-t-il précisé en étant conscient de l’existence de la menace djihadistes.
Aucune commande d’armes n’a été passée par l’Egypte en marge de cette visite présidentielle. Mais les deux pays ont signé une trentaine d’accords et de contrats commerciaux pour près d’un milliards d’euros. Le protocole d’accord entre Vinci et les autorités égyptiennes pour la construction de 5,6 km de tunnel pour le métro du Caire est parmi les plus importants. L’Egypte prévoit aussi de construire une nouvelle capitale administrative à l’est du Caire et la France pourrait avoir quelques marchés.
La visite d’Emmanuel Macron se terminera ce mardi. Il rencontrera ainsi les deux principaux responsables religieux du pays à savoir le grand imam de la mosquée Al-Azhar et le pape copte Tawadros II.