D’après une étude française, neuf femmes autistes sur dix ont déjà été victimes d’un viol, d’une agression sexuelle ou d’une tentative de viol.
Co-réalisée par Fabienne Cazalis, chercheuse au CNRS, Élisabeth Reyes, consultante à Auticonsult et les cliniciens Séverine Leduc et David Gourion, une étude française a mis en évidence le nombre de femmes autistes touché par les violences sexuelles. Neuf sur dix auraient déjà été victimes d’une tentative de viol, de viol ou d’une agression sexuelle.
"L’idée était d’aller plus loin dans l’analyse, dans le type de violences sexuelles, ainsi que d’aller plus loin dans les stratégies mises en œuvre par les agresseurs et dans les informations concernant l’âge de la première agression, si c’était arrivé une ou plusieurs fois", a expliqué la chercheuse au CNRS au HuffPost.
Dans cette étude, deux questions distinctes ont été posées aux femmes autistes, à savoir avez-vous déjà été victimes d’une agression sexuelle, d’une tentative de viol ou d’un viol ? Et décrivez les situations de violences sexuelles ?
Dans le premier questionnaire, 69 % des sondés ont déclaré avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle. Dans le second, 88,4 % ont rapporté des faits s’apparentant à une agression sexuelle, un viol et une tentative de viol. "Demander simplement à quelqu’un s’il a subi une agression sexuelle ou non, ça ne reflète pas la réalité, parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’identifient pas que c’est une agression sexuelle. C’est pour ça que c’est important de poser des questions précises et qu’on a réalisé ce deuxième questionnaire", ont indiqué les deux cliniciens.
Cette étude apporte aussi d’autres éclairages. Parmi les femmes autistes victimes de violences sexuelles, 85 % d’entre elles ont vécu plusieurs agressions au cours de leur vie et 68 % l’ont été à ou avant l’âge de 18 ans. "Ça change complètement l’interprétation. On peut se faire une représentation erronée en s’imaginant que ça n’est arrivé qu’une fois, mais dans la majorité des cas, ça ne l’est pas", a souligné Fabienne Cazalis.
L’étude indique qu’une première agression est un facteur de vulnérabilité. "C’est compliqué de comprendre les mécanismes, mais ça donne l’impression que les agresseurs - les prédateurs - repèrent. C’est comme si lorsqu’une personne a été victime, et notamment dans sa jeunesse, ça donnait un marqueur que les prédateurs repèrent", met en avant la chargée de recherche du CNRS.
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