Comme le rapporte l’AFP, le coronavirus gagne rapidement du terrain dans les territoires d’Outre-mer.
Plusieurs territoires d’Outre-mer jusqu’à présent plutôt épargnés par l’épidémie du nouveau coronavirus connaissent une recrudescence de cas qui préoccupe les autorités, notamment à La Réunion et aux Antilles.
Seuls Mayotte et la Guyane, particulièrement touchés en mai et juin et toujours en urgence sanitaire jusqu’au 31 octobre, connaissent à présent une relative baisse du nombre de personnes infectées.
Ailleurs, l’augmentation du nombre de cas est observée avec inquiétude. "Nous suivons avec attention la situation épidémique dans les territoires ultramarins, où l’insularité et l’absence de continuité territoriale ainsi que la fragilité de certains publics nous forcent à être très vigilants", explique le ministère des Outre-mer à l’AFP.
"La situation reste maîtrisée, poursuit le ministère, mais nous regardons l’évolution des indicateurs, notamment dans les Antilles", où la population est particulièrement vieillissante.
"La première vague a été bien gérée dans les Outre-mer", assure-t-on de même source. "L’enjeu est d’affronter maintenant ce rebond apparent" dans "des territoires où le secteur du tourisme est important : il faut trouver un juste équilibre entre mesures sanitaires et reprise économique".
A La Réunion, par exemple, le nombre de nouveaux cas explose depuis une quinzaine de jours et, pour la première fois, l’île a déploré lundi un "premier décès imputable au Covid hors évacuation sanitaire", selon le CHU de Saint-Denis.
Entre le 11 août et lundi, 534 cas ont été recensés sur un total de 1.244 cas depuis le début de l’épidémie. Une dizaine de foyers d’infection ont été identifiés sur l’île de l’océan Indien.
Pour faire face, 31 établissements scolaires sont totalement ou partiellement fermés, les rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs, aires de pique-nique et plages sont interdits, et le port du masque obligatoire est dans les espaces publics ouverts.
En Guadeloupe, le seuil d’alerte (50 cas pour 100.000 habitants) a été atteint et le plan blanc a été activé lundi au CHU. C’est une véritable "bouffée épidémique", selon Gérard Cotellon, le directeur du CHU. "On est passé de quatre personnes en réanimation, à cinq, et aujourd’hui, ils sont neuf. Nous avons également sept patients qui viennent d’arriver au service des maladies infectieuses."
Du 15 au 21 août, la Guadeloupe a enregistré 325 cas positifs supplémentaires et son quinzième décès depuis le début de l’épidémie. Le préfet de Guadeloupe a lui-même été diagnostiqué positif.
Le port du masque est désormais obligatoire dans les centre-bourgs, marchés, plages et lieux touristiques très fréquentés.
La Martinique a enregistré de son côté 104 nouveaux cas en une semaine et huit foyers d’infection, dont un lors d’une "boat party". Le port du masque est obligatoire dans les rues piétonnes et aux abords des marchés.
Dans le Pacifique, la Polynésie est passée vendredi au stade 2 de l’épidémie. La collectivité d’Outre-mer, autonome en matière sanitaire, recense 236 cas confirmés depuis le 15 juillet (et seulement 62 entre mars et juin), mais aucun décès pour l’instant.
Le gouvernement local a rouvert en juillet les frontières sans quarantaine pour sauver le tourisme. Si les touristes ont bien respecté le protocole sanitaire imposé, les fonctionnaires et militaires mutés n’ont pas tous été exemplaires, a déploré le président de Polynésie Edouard Fritsch.
A l’inverse, la Nouvelle-Calédonie, qui maintient une quarantaine obligatoire à l’arrivée (et n’a connu que 23 cas), est pour l’instant "covid free", tout comme Wallis-et-Futuna, exemptés de toute contamination depuis le début.
A Mayotte et en Guyane, l’épidémie est décroissante, mais les autorités restent prudentes. Lundi, 78 nouveaux cas ont encore été comptabilisés en Guyane (pour 8.875 cas et 56 morts au total).
Mayotte est passée de zone de vulnérabilité élevée à modérée, avec six personnes hospitalisées et un taux d’incidence de 22 cas pour 100.000 habitants, inférieur à la moyenne nationale (24 pour 100.000).
Mais la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS), Dominique Voynet, craint une deuxième vague. Ces derniers jours, deux foyers d’infection ont été identifiés, notamment lors de réunions d’élus. Autre motif d’inquiétude : près de 90.000 enfants ont fait lundi leur rentrée scolaire et de nombreux enseignants ayant passé leurs vacances dans l’Hexagone sont de retour.