En dix ans, le nombre de Français se trouvant en situation d’isolement, a augmenté de 3 millions. Ce chiffre résulte des résultats d’une étude réalisée par la Fondation de France.
La Fondation de France a publié, jeudi 3 décembre, la conclusion du 10e rapport annuel sur les solitudes. Cette étude, réalisée par le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), porte sur l’année écoulée précédemment, rapporte RTL. Les résultats ont montré que la solitude touche 7 millions de personnes, soit 14 % des Français, contre 9 % en 2010. En 10 ans, une hausse de 3 millions de personnes a été constatée.
Selon la Fondation de France et le CREDOC, une situation d’isolement est le fait d’entretenir des "relations très épisodiques" avec les membres des cinq principaux réseaux de sociabilité : familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage.
Durant les années précédentes, les personnes les moins aisées sont les plus concernées par ces situations. Effectivement, 32 % des personnes interrogées ont déclaré avoir des bas revenus, et 16 % disent appartenir à une classe sociale "défavorisée". Avec 25 % des personnes interrogées, les personnes âgées sont également touchées par ces cas d’isolement.
La Fondation de France a par ailleurs prévenu que de plus en plus de jeunes sont aujourd’hui touchés par l’isolement avec 13 %, alors que ce chiffre était de 2 % en 2010. Cette hausse est due en partie par la paupérisation croissante des jeunes, un phénomène associé à l’augmentation des inégalités.
La classe d’âge la plus pauvre est les 18-29 ans. Chez les jeunes isolés, "cette situation génère un sentiment de honte, lié au décalage par rapport à l’attendu social pour cette tranche d’âge : l’ouverture à de nombreuses opportunités de sociabilité", a analysé l’organisation.
Dans son rapport annuel, la Fondation de France a également mis en avant un focus réalisé durant le premier confinement. Elle a ainsi montré les impacts du contexte de distanciation sociale sur l’isolement et son ressenti. Selon l’organisation, les personnes, identifiées comme isolées, ont mieux supporté cette période de confinement. Effectivement, pour près d’un quart d’entre elles, aucune des interactions sociales ne leur a manqué contre 9 % des personnes non isolées.
Ceci peut s’expliquer par le fait que la période de confinement était une expérience partagée par toute la population. La fondation a expliqué que les restrictions des interactions sociales ont pu être vécues, pour les personnes isolées, comme une période de répit, une manière de mettre sur la ’pause’ quelques-unes des injonctions sociales auxquelles elles ne répondent pas
Cette étude montre également que l’impact de la crise sanitaire inquiète davantage les personnes isolées. "En avril 2020, 28 % d’entre elles se disent inquiètes pour leur situation dans les trois ans à venir, contre 22 % du reste de la population", a-t-elle précisé.
Pour lutter contre cette situation d’isolement et restaurer le lien social, la fondation accompagne chaque année près de 1 000 initiatives. L’objectif est de s’attaquer aux multiples causes de la solitude et revitaliser le lien social, pour rendre à ces "isolés" toute leur place dans la société.
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