Les conclusions du rapport parlementaire ont confirmé que les dirigeants d’Uber et Emmanuel Macron ont noué une relation privilégiée, favorisant l’installation de la plateforme en France.
Une enquête parlementaire a été menée et consacrée aux Uber Files à la suite d’une vaste fuite de documents révélée par la Radio France avec l’ICIJ et le Guardian en juillet 2022. Les conclusions de ce rapport ont confirmé que les dirigeants de la plateforme et Emmanuel Macron ont noué une relation privilégiée. Ce dernier, alors qu’il était à la tête du ministère de l’Economie a œuvré pour favoriser le développement d’Uber en France, selon France Info. Au total, 67 auditions ont été réalisées et 120 personnes entendues. Selon ce rapport, "Uber a trouvé des alliés au plus haut niveau de l’Etat". Il a notamment mentionné l’intensité des contacts entre eux témoignant d’une relation opaque mais privilégiée. Cela révèle toute l’incapacité du système pour mesurer et prévenir l’influence des intérêts privés sur la décision publique.
Le rapport a documenté l’existence d’un "deal" passé entre E. Macron et Uber. Cet accord est basé sur la mise au point d’une stratégie visant à obtenir l’abaissement du nombre d’heures de formation obligatoires pour devenir chauffeur Uber de 250 à 7 en échange de l’interdiction d’Uber Pop. Devant la commission, le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls ainsi que Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, ont indiqué n’avoir jamais entendu parler de ce "deal".
L’existence d’un Kill Switch ainsi qu’un SMS envoyé à Emmanuel Macron ont été également mentionnés dans ce document. Un représentant d’Uber a envoyé ce message au moment où la Répression des fraudes (DGCCRF) a perquisitionné les locaux de l’entreprise.
Dans le cadre de cette enquête, la commission n’a pas été en mesure de mettre en évidence une éventuelle contrepartie au "deal" négocié avec Uber. Toutefois, elle a précisé que Mark MacGann, alors qu’il travaillait encore à mi-temps comme lobbyiste d’Uber a donné de l’argent au candidat Emmanuel Macron et a participé à une levée de fonds pour le compte d’En Marche. Des échanges de SMS montrent aussi que le candidat Macron a invité à dîner Thibaud Simphal, le directeur général d’Uber France, pour lui proposer de financer sa campagne.
Pour la commission d’enquête, ce soutien appuyé à Uber a contribué à créer une situation aujourd’hui défavorable aux chauffeurs. "Les promesses d’Uber en termes de création d’emplois n’ont pas été tenues", peut-on lire. Par ailleurs, le soutien d’Emmanuel Macron à Uber ne se serait pas arrêté en 2017. Le rapport estime que toutes les lois et règlementations qui ont été adoptées après cette date ont conféré des droits nouveaux aux chauffeurs Uber. Cependant, elles auraient empêché tout débat sur une éventuelle transformation de ces chauffeurs indépendants en employés.
Cette enquête s’est également penchée sur une éventuelle influence qu’Uber continuerait d’avoir en France. La commission a établi que l’entreprise américaine a encore eu 34 échanges avec les services du président de la République entre 2018 et 2022. Durant cette même période, 83 échanges ont été identifiés avec le ministère des Transports.
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