La lenteur des travaux de réparation de routes ou des ponts après le passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes suscite des inquiétudes auprès des élus et de la population.
Trois ans après le passage de la tempête Alex, le sujet concernant le financement des travaux après cette catastrophe suscite la polémique autour de Christian Estrosi.
La lente reconstruction des vallées a provoqué la colère des élus locaux ainsi que la population concernée depuis près d’un an. Effectivement, ils se sont interrogés sur le fait que la route, le pont ou la berge n’ont pas été encore rétablis même provisoirement.
Et si la Métropole Nice Côte d’Azur s’était financièrement désengagée alors que cette grande collectivité a compétence sur la majorité des travaux, s’interroge Le Figaro.
Un document que le journal s’est procuré a montré le relevé de décisions d’un comité de direction générale de la Métropole, en date du 20 septembre 2022. A noter que 15 directeurs y ont participé, dont le DGS (Directeur général des services) Olivier Breuilly qui a été officieusement mis à la porte récemment.
Le sujet sur les "crédits tempête Alex", tiré d’une réunion entre Christian Estrosi et le préfet, est évoqué dans ce compte-rendu. Il y est explicitement écrit : "Blocage. On n’aura pas l’argent !". Deux lignes suivantes traduisent un arbitrage de "CE" (pour désigner Christian Estrosi) : "Maintien d’une pression très forte = > arrêt de tous les travaux. Ils reprendront dès qu’on aura reçu les financements de l’Etat".
Selon le journal, cela signifie que le président de la Métropole aurait volontairement stoppé les travaux en cours dans les vallées dans le but de faire plier l’Etat afin qu’il apporte son aide plus rapidement.
Sur une autre page dédiée au budget 2023, au chapitre Métropole, il a été mentionné : "0 en tempête ALEX sur 2023". Ainsi, il n’y aura aucun centime métropolitain tant que l’Etat n’aura pas signé de chèque.
Pour rappel, la Métropole de Nice a mis 170 millions d’euros sur la table et l’Etat 115 millions après la tempête Alex. La collectivité a payé sa part en septembre 2022, mais l’Etat n’a débloqué que seulement 20 millions d’euros. "On a alors tapé du poing pour dire que tout le monde devait jouer le jeu", a lancé un autre fonctionnaire métropolitain.
A noter que dès 2020, une enveloppe d’un demi-milliard d’euros a été débloquée par l’Etat. Pourtant, il a fallu présenter des factures une fois les travaux achevés pour que la Métropole touche l’intégralité de la somme.
En avril, une enquête a été ouverte pour des "anomalies comptables dans les chantiers" et l’Etat s’est montré "frileux à l’idée de régler la note".
Olivier Breuilly a été le premier qui a mis au courant Christian Estrosi sur les manquements graves au respect des règles de la comptabilité publique concernant ce dossier. A la veille du passage de la tempête Aline, le président du Métropole a de son côté évoqué un potentiel détournement de 8 millions d’euros sur le seul chantier de la route de la Madone de Fenestre, dans la Vésubie. Selon une source locale, cette route a été faite sans fondation.
"Tout est à refaire selon l’expert mandaté sur place", a-t-elle renchéri en disant qu’il y aurait au moins 10 millions de malversations sur toutes les factures fournies en septembre 2022... notamment pour la Madone.
"Pas de bol, le seul moment où l’Etat a donné du fric c’est pour des malversations !", a-t-elle affirmé. Cette même source a assuré que la tempête Aline a éliminé toutes les preuves ou presque, mais il y a bien une explication et les enquêteurs finiront par la trouver.
Christian Estrosi a pourtant assuré ne voir d’autres coupables que la bureaucratie.
> A lire aussi : Tempête Alex : les dégâts estimés à 1,5 milliard d’euros, selon Éric Ciotti