Alors qu’une vague de suicides est survenue à France Télécom il y a dix ans, sept de ses anciens dirigeants, dont l’ancien PDG Didier Lombard, se trouvent face à la justice parisienne pour "harcèlement moral".
Au deuxième jour du procès mardi 7 mai, l’ex-patron de France Télécom (2005 à 2010), Didier Lombard, a qualifié cette affaire de suicide de "crise médiatique" en rejetant toute responsabilité. Ses propos ont d’ailleurs provoqué une vague d’indignation.
Didier Lombard, âgé de 77 ans, a exprimé dans une lettre lue à l’audience adressée aux victimes et à leurs familles sa "sincère et profonde tristesse de ce que cette situation ait pu involontairement contribuer à fragiliser certains d’entre eux au point qu’ils accomplissent un geste irrémédiable".
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Durant l’audience, Didier Lombard a insisté sur un contexte économique. Selon ses dires, France Télécom était en péril en 2005 en raison du surendettement de l’entreprise, mais aussi l’agressivité de la concurrence et la rapidité des évolutions technologiques. "Il n’y a pas eu de crise sociale à France Télécom entre 2007 et 2010", a fait savoir l’ex-PDG. Par contre, la société avait une énorme difficulté, puisque plus de 10 000 salariés devaient retrouver un emploi différent, note le quotidien 20 Minutes.
"Que les transformations imposées à l’entreprise n’aient pas été agréables, c’est comme ça, je n’y peux rien. Si je n’avais pas été là, ça aurait été pareil peut-être même pire. Le problème était de ramener la maison dans un état normal", a-t-il déclaré au tribunal.
Didier Lombard a expliqué que France Télécom avait surmonté ses difficultés économiques. Cependant, ce résultat social de la transformation a été détruit par les phénomènes médiatiques. "Nos collaborateurs ont été privés de leur succès. Les journaux disaient que leur entreprise était lamentable, ça a cassé le moral", a-t-il ajouté, confirmant une information de 20 Minutes.
À l’époque, l’ancien PDG de l’entreprise avait parlé d’une "mode des suicides". Mais désormais, il a préféré évoquer le terme "effet Werther". C’est-à-dire que si vous parlez des suicides, vous les multipliez.
En tout, il y a eu 19 personnes qui se sont suicidées, parmi lesquelles 12, ont tenté de le faire et huit autres qui ont connu une période de dépression ou un arrêt de travail. "J’hallucine. Je suis écœuré. Donc le sauvetage d’une entreprise passe par des pertes de vies humaines et il n’y peut rien ? C’est sidérant. Il n’a pas changé", a réagi Yves Minguy, un ex-salarié qui a traversé une grave dépression, à la sortie de la salle d’audience.
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