"Nous ne faisons pas cette proposition de gaité de cœur", mais "aujourd’hui, il nous faut trouver des moyens" pour "financer le mur du grand âge, le virage domiciliaire et la transformation de nos Ehpad", a souligné la sénatrice centriste Elisabeth Doineau.
Dans un contexte de déficit croissant, le Sénat a voté une mesure inédite. Les sénateurs sont en effet favorables à l’instauration d’une contribution annuelle de sept heures de travail non rémunéré pour combler les finances de la Sécurité sociale. Ce dispositif, qui complèterait la journée de solidarité déjà en vigueur, ambitionne de générer 2,5 milliards d’euros par an pour financer les besoins liés au vieillissement de la population. Adoptée par 216 voix contre 119, cette initiative divise. Les sénateurs défendent un mécanisme "souple", laissant aux partenaires sociaux la liberté d’en définir les modalités : un jour unique, des minutes ajoutées chaque jour ou semaine, selon les accords sectoriels.
Selon la sénatrice centriste Elisabeth Doineau, cette contribution est indispensable. "Nous ne faisons pas cette proposition de gaité de cœur", mais "aujourd’hui, il nous faut trouver des moyens" pour "financer le mur du grand âge, le virage domiciliaire et la transformation de nos EHPAD", a-t-elle précisé. Cependant, le gouvernement, tout en reconnaissant l’intérêt d’une réflexion approfondie, s’est montré réservé. Une commission mixte paritaire, réunissant députés et sénateurs, devra examiner la mesure avant une probable adoption sous article 49.3 à l’Assemblée nationale.
Cette proposition suscite l’indignation de l’opposition, notamment à gauche. La sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly dénonce une "attaque contre le monde ouvrier" et appelle ironiquement à une journée de solidarité pour les actionnaires. Pour elle, cette mesure accentue les inégalités sans offrir de garanties suffisantes sur son efficacité. Le débat met également en lumière des tensions sur la responsabilité financière des employeurs, dont les contributions pour l’autonomie pourraient doubler, passant de 0,3 % à 0,6 %.
Face à un déficit estimé à 60 milliards d’euros, ce dispositif est perçu par certains comme un mal nécessaire. Pourtant, elle soulève des questions fondamentales : jusqu’où les actifs doivent-ils participer pour pallier les défaillances structurelles du système ? Et comment répartir équitablement cet effort sans creuser les inégalités ?
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