Illustration/SIPA
Les recommandations préconisées par la HAS (Haute autorité de Santé) sur le syndrome du bébé secoué ne font pas l’unanimité.
La Haute autorité de Santé (HAS) a annoncé que chaque année, plusieurs centaines d’enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué. La chaîne RTL rapporte que cette pratique a des mauvais impacts sur le bébé, car 10 % à 40 % d’entre eux meurent ou peuvent conserver des séquelles à vie. Ces dernières pourraient être des difficultés d’apprentissage, épilepsie, troubles visuels, paralysie... Pourtant, depuis des années, le diagnostic de ce syndrome a suscité la polémique.
Depuis 2011, pour repérer les enfants victimes de ce syndrome, des recommandations ont été faites aux médecins. Pourtant, ces démarches auraient conduit à plusieurs erreurs judiciaires, avec des parents accusés à tort.
Actuellement, pour pouvoir suspecter un syndrome du bébé secoué, il suffit que le nourrisson présente des hématomes sous duraux, autrement dit, du sang autour du cerveau et des hématomes au fond des yeux.
En voyant ces deux signes, les professionnels de santé doivent alors immédiatement faire un signalement au procureur de la République. Aussitôt, le bébé est retiré à ses parents. Ces derniers sont placés en garde à vue, puis mis en examen.
Cette procédure systématique ne fait pas l’unanimité. Docteur Bernard Echenne, qui a dirigé le service de neuropédiatrie au CHU de Montpellier, a déploré cette démarche. D’après lui, les autres éventualités telles que les maladies génétiques, les hématomes spontanés, ou même les chutes accidentelles ne sont jamais explorées. "Le diagnostic venant du milieu médical, toute l’enquête qui est faite que ce soit par la police ou la justice ou les organismes sociaux est d’emblée orientée vers une accusation", a-t-il pointé.
Selon les explications de la Haute Autorité de Santé, ses recommandations se basent "sur une analyse rigoureuse de la littérature scientifique et médicale internationale". L’association Adikia, regroupant des parents accusés à tort, de maltraitance suite à des erreurs de diagnostic, n’est pas de cet avis. Ainsi, leur avocat, Me Grégoire Etrillard a décidé de saisir le Conseil d’État pour demander l’abrogation des recommandations de la HAS.
Cette association et les parents ont annoncé qu’aucun des auteurs de ces recommandations n’est spécialiste en neurologie pédiatrique, pourtant, ce sont eux-mêmes qui sont souvent désignés comme experts judiciaires aux procès. L’avocat a précisé qu’au moment d’une demande d’expertise, un médecin légiste non-spécialiste de la neurologie pédiatrique et qui s’appuie sur les recommandations de la HAS se chargera du dossier. "Si vous demandez une contre-expertise, vous allez soit avoir un autre médecin légiste soit régulièrement un des rédacteurs de la recommandation de la HAS (...) si bien que vous avez toujours la même opinion" a-t-il dénoncé.
Maître Grégoire Etrillard a décidé de saisir le Conseil d’État à la demande de plus de 130 familles. Ces dernières ont affirmé n’avoir jamais été violentes ou avoir secoué leur enfant. "Tous des dossiers du syndrome du bébé secoué en France, sont fondés sur des recommandations de la Haute Autorité de Santé (...) et ces recommandations sont beaucoup trop simplistes pour un sujet extraordinairement complexe" a-t-il précisé.
>>> Perpignan : décès d’un bébé de 3 mois victime du syndrome du bébé secoué