L’équipe de "Complément d’enquête" a pu consulter les archives des sociétés Elf et Total. Les entreprises pétrolières auraient été au courant des problèmes, liés au changement climatique.
Des documents inédits, issus des archives des sociétés Elf et Total ont révélé que les entreprises pétrolières auraient été au courant de l’impact de la combustion des énergies fossiles sur le climat, dès les années 1970.
L’équipe de "Complément d’enquête" a pu consulter ces archives et ces révélations ont été faites après le travail, fourni par trois chercheurs. Ces derniers ont publié mercredi 20 octobre un article scientifique sur "les réactions de Total et Elf face au réchauffement climatique", rapporte France Info.
Dans Total information, le magazine interne de l’entreprise, un expert français de la recherche climatologique a averti sur les risques futurs de la combustion d’énergies fossiles dès 1971. Selon lui, à cause de cette combustion, une augmentation de la température serait à craindre.
Il y a écrit que la circulation atmosphérique pourrait s’en trouver modifiée, et "il n’est pas impossible, selon certains, d’envisager une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôles". Quinze ans après, la direction environnement d’Elf a parfaitement reconnu le risque climatique dans un rapport confidentiel.
Malgré la connaissance de la réalité sur le réchauffement climatique, les entreprises la mettraient publiquement en doute, voire la nieraient, note Sud Ouest. Christophe Bonneuil, l’un des auteurs de l’étude, historien et directeur de recherche du CNRS, a même indiqué une "schizophrénie".
Selon ses dires, il y a "un décalage entre ce qui est dit en interne et le discours qui était porté vers l’extérieur", vers les décideurs politiques, les arènes internationales, le gouvernement français ou la Communauté européenne.
Comme le rapporte la chaîne, les entreprises pétrolières auraient même programmé leur stratégie pour gagner du temps et ne pas prendre les mesures qui s’imposaient. L’un des documents révélés par "Complément d’enquête" date de 1993. Il s’agit d’"un plan d’action" concernant "l’effet de serre", présenté à la direction générale du groupe.
La société Elf a reconnu en interne le risque du réchauffement climatique, mais un haut cadre de l’entreprise a recommandé d’insister sur les "doutes scientifiques en matière d’effet de serre". Il a également conseillé de montrer que contrairement à une idée à la mode, l’écologie est plus destructrice que créatrice d’emplois. Selon ses dires, il est nécessaire de développer le thème : les charges de l’environnement sont supportées par le contribuable et/ou par les consommateurs.
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