Jaap Arriens/Sipa USA/SIPA
Utilisés par 350.000 patients en France et 1,5 million en Europe, les respirateurs de la marque Philips contiennent une mousse insonorisante, qui est mis en cause.
Plus de 200 personnes ont officiellement porté plainte à Paris, incluant trois cas d’homicide involontaire, dans l’affaire des appareils respiratoires défectueux du groupe Philips, a annoncé vendredi Me Christophe Lèguevaques. En 2021, le groupe avait annoncé un rappel massif de respirateurs pour l’apnée du sommeil. Les 217 plaignants invoquent des infractions telles que la tromperie, la mise en danger de la vie d’autrui, les pratiques commerciales trompeuses et l’administration de substances nuisibles, selon les informations de la Cellule investigation de Radio France. Trois plaignants vont jusqu’à accuser Philips d’homicide involontaire. La radio publique française mentionne notamment le décès de Serge Toulotte, survenu le 6 avril 2022 à l’hôpital de Calais des suites d’un cancer généralisé. Sa veuve établit un lien entre son décès et l’utilisation du respirateur. Selon l’avocat, ces plaintes individuelles constitueront les premiers éléments de l’enquête ouverte en juin 2022 par le pôle santé publique du parquet de Paris.
Un risque "potentiel" de cancer a été évoqué. En avril, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a pris l’initiative de saisir la justice concernant les lacunes observées dans le remplacement des appareils défectueux par Philips, qui s’était engagé à le faire. Avec cette plainte, "on apporte des informations complémentaires au parquet pour qu’il ait envie de confier l’enquête à un juge d’instruction", a souligné l’avocat sur les propos repris par Le Figaro. En janvier, la justice a ordonné à Philips France de fournir un document concernant ses appareils respiratoires, demandé par des représentants de patients atteints de maladies respiratoires. Mi-mai, suite à des tests couvrant la majorité des respirateurs enregistrés, l’entreprise néerlandaise a déclaré qu’il était "peu probable" qu’ils causent des dommages aux patients.
Ces dispositifs, utilisés par 350 000 patients en France et 1,5 million en Europe, contenaient une mousse insonorisante. Le groupe avait constaté que des particules étaient libérées par certains appareils, pouvant être inhalées ou ingérées par les patients. Philips avait ainsi évoqué un risque "potentiel" de cancer à long terme. Toutefois, en décembre 2022, Philips a affirmé que les appareils étaient "conformes aux normes de sécurité" selon des tests approfondis.