Resté quasi mutique au cours des cinq ans d’instruction, Sofien Ayari a décidé de s’expliquer devant la Cour d’assises spéciale.
Mardi 8 février, la Cour d’assises spéciale de Paris a entendu Sofien Ayari. D’origine tunisienne, ce dernier ne comptait pas s’exprimer au procès des attentats du 13-Novembre. Mais il a décidé de le faire. "Je ne voulais pas parler ici, mais après avoir entendu la douleur des familles à la barre, notamment une mère endeuillée qui ressemble beaucoup à la mienne, je me dis que c’est la moindre des choses d’essayer de m’expliquer. Je peux le faire, je dois le faire", confie-t-il.
Compagnon de cavale de Salah Abdeslam, Sofien Ayari a été arrêté à Bruxelles, en mars 2016. Il est l’un des plus jeunes accusés dans ces attentats. Il était âgé de 22 ans lors des faits. Une langue française parfaite, certaines des expressions de Sofien étaient même soutenues.
Sofien Ayari a parlé de son départ de la Tunisie, en décembre 2014. Dans une sorte d’idéal, il a rejoint la Syrie. "(…) Je me suis intéressé à ce qui se passait ailleurs, Libye, Égypte et Syrie, avec l’espoir que les citoyens là-bas aussi se libèrent. J’étais dans un sentiment de solidarité", raconte-t-il.
L’accusé a combattu contre les troupes de Bachar el-Assad et contre des groupes démocratiques jusqu’à une sérieuse blessure. "Je n’étais pas préparé à cette violence. À Raqqa, j’ai vu l’impuissance, l’humiliation, la peur des civils. Certains habitants n’étaient même pas d’accord avec Daesh, mais ils subissaient ça quand même. Ça m’a révolté", disait-il.
Depuis Raqqa, Sofien Ayari a reconnu avoir nourri une amertume envers la coalition occidentale, et notamment la France. "En visant des civils en pleine ville, forcément, il faisait des victimes dans la population. Il faut savoir assumer cela quand on est responsable politique", a-t-il lancé en référence au terme de François Hollande, en novembre.
Sofien Ayari a confié que cette expérience de bombardements l’a motivé à accepter une mission proposée par l’État islamique dans d’autres États. "J’ai résonné sous le coup de l’émotion. J’ai dit oui. J’ai pris la décision de partir. J’assume le poids de cette décision. Personne ne m’y a contraint", a-t-il soutenu, en promettant avoir ignoré la nature de la mission.
L’accusé a rappelé ne pas avoir participé directement aux attaques. Selon ses dires, il n’était pas en France le 13 novembre. "Je n’ai pas souhaité y participer", insiste-t-il.
Sofien Ayari a terminé son témoignage en disant qu’il avait des remords sur son parcours. "Je condamne, mais je condamne des deux côtés ceux qui ont causé la mort d’innocents", a-t-il conclu.
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