Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé que les heures supplémentaires des infirmiers, sage-femmes et paramédicaux seraient payées double en pleine épidémie.
Après des mois de crise de coronavirus, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé un geste financier pour remobiliser les soignants, rapporte Franceinfo. Il a promis ainsi que les heures supplémentaires des infirmiers, sage-femmes et paramédicaux seraient payées double. "On va doubler le tarif des heures supplémentaires. On espère que cette mesure de ressources humaines sera une motivation supplémentaire pour aller chercher le surplus d’énergie nécessaire", a-t-il précisé au micro de France Inter le 18 décembre. Cependant, 400 soignants à Marseille sont priés de rembourser ces primes après les avoir touchées.
En avril, les infirmiers ont reçu un courriel qui leur a informé qu’ils ont bénéficié d’un "trop-perçu". Ils témoignent à visage caché, car ils sont soumis au devoir de réserve. L’une doit rembourser 2 200 euros, un autre 900, un autre encore 2 400 euros. "C’est la panique ! Quand on ouvre un courrier avec des sommes pareilles, on se demande comment on va pouvoir les rembourser, comment on va tenir le budget le mois suivant", ont-ils précisé.
Le journal note que les heures supplémentaires réalisées pendant des astreintes de nuit ou de week-end ont été payées double, mais cette somme versée doit être restituée. "On est en colère, parce qu’on se dit : ‘enfin l’Etat a reconnu la pénibilité de notre travail’, et finalement ce n’est pas reconnu pour tout le monde et on nous l’enlève", a fustigé une infirmière. Pour un de ses collègues, c’est une pure trahison, et c’est un mépris total envers le personnel paramédical qui fait tourner les blocs opératoires 24 heures sur 24.
La direction des hôpitaux de Marseille a tenu à préciser que ces agents n’auraient jamais été éligibles au doublement des heures supplémentaires sur leurs périodes d’astreintes.
Elisabeth Coulomb, directrice des ressources humaines à l’Assistance publique hôpitaux de Marseille (AP-HM), a indiqué qu’elle comprend très bien à quel point c’est douloureux d’avoir une paye qui s’avère erronée et qu’il faut rembourser. "Pour une Direction des ressources humaines, c’est la catastrophe d’avoir une paye qui n’est pas fiable", a-t-elle regretté.
D’après la directrice, ce qui s’est passé à Marseille, c’est un bug informatique et une confusion avec la majoration des heures supplémentaires, qui ne s’appliquait pas aux astreintes.
Pourtant, d’autres hôpitaux affirment le contraire tel le CHU de Grenoble qui a confirmé à la chaîne que son personnel a perçu ces primes que les hôpitaux de Marseille disent, eux, avoir versées par erreur.
La CGT a dénoncé ce "deux poids, deux mesures" en disant qu’ils sont tous fonctionnaires, et il ne doit pas y avoir de "distinguo entre l’AP-HM, le Centre Hospitalier d’Aix et le CHU de Grenoble… et c’est ce qui se passe à l’heure actuelle".
Contacté, le ministère de la Santé n’a émis aucune explication sur ces disparités entre établissements dans la politique de paiement des heures supplémentaires. A Marseille, certains infirmiers ont déjà vu leur paye d’avril amputée de plusieurs centaines d’euros.
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