Une étude sur le "poop-shaming" au travail a été réalisée par Ifop pour Diogène France. Les résultats ont démontré que l’usage des toilettes d’entreprise est une source d’anxiété sociale.
Le "poop-shaming" au travail est le sentiment de gêne et de honte ressenti par une personne qui doit aller aux toilettes pour déféquer.
Ce phénomène est dû notamment aux toilettes qui ne sont pas toujours genrés ni propres. Une enquête sur l’usage des toilettes d’entreprise a été réalisée par Ifop pour Diogène France.
Elle a été menée en ligne du 18 au 21 avril 2022 auprès d’un échantillon de 1 003 salarié(e)s, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus.
L’Ifop a diffusé les résultats de cette enquête dans un communiqué. Ils ont montré que 53% des Français se sont sentis gênés en déféquant au travail. Avec 60%, ce phénomène touche plus les femmes que les hommes (44%). Actuellement, 42% d’entre elles évoquent bien plus de difficultés à utiliser les toilettes d’entreprise. Dans le détail, 53% des femmes se sentent incapables de déféquer quand d’autres personnes sont aux toilettes, contre 30% des hommes.
Cette situation est due notamment à un important "gender gap" (inégalités homme-femme). Les femmes ont une injonction sociale à cacher le fait d’aller aux toilettes comme si cette action leur fait "honte" alors que les hommes sont éminemment moins concernés. L’aisance à se rendre aux toilettes dès qu’une envie se fait ressentir est largement distinguée selon le genre. De ce fait, 57% des hommes y vont directement, contre seulement 38% des femmes, soit un écart de 19 points.
Les freins à l’usage des toilettes sont donc à la fois de problèmes endogènes (l’entretien des WC) et exogènes (des fortes disparités genrées), d’après toujours l’Ifop. Outre les difficultés liées au genre des salariés, d’autres causes ont été citées dans le communiqué.
Selon cette étude, 55% des enquêtés estiment que les toilettes de leur lieu de travail sont "sales", 45% notent qu’elles sont "insuffisamment isolées du reste des locaux", et 42% constatent que les WC sont "nauséabonds". Par ailleurs, 36% soulignent qu’ils sont "insuffisamment équipés en papier toilette", et 17% "pas assez sûrs".
Face à ces difficultés à utiliser les toilettes d’entreprise, les salariés ont eu recours à plusieurs stratégies : 53% ont déjà été aux toilettes avant de partir au travail, 36% se sont rendus dans d’autres WC que ceux de leur entreprise, 21% se sont rendus dans des toilettes en dehors de la société.
Cette même proportion a décidé de rentrer chez eux plus tôt pour éviter d’utiliser les toilettes professionnelles, et 11% ont même déjà pris des comprimés pour ne pas se rendre à la selle. Au total, 68% des sondés ont déjà employé au moins une de ces techniques d’évitement.
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